Dopée aux phrases creuses

La ministre de la Culture multiplie les déclarations détachées de la réalité.

Christophe Kantcheff  • 24 juillet 2008 abonné·es

La ministre de la Culture, Christine Albanel, est impayable. Il fallait l’entendre parler du Tour de France, le 18 juillet sur France Inter, pour saisir à quel point la langue de bois est encore trop molle pour elle. Le Tour de France ? « Une épreuve de plus en plus exigeante, de plus en plus éthique » , a-t-elle estimé, sans une once d’humour, le jour de la mise en examen du coureur italien Ricco, satisfaite que les chaînes de télé publiques atteignent des sommets d’audimat grâce au spectacle d’une toxicomanie cycliste presque entièrement dépénalisée. Rien, en revanche, dans son discours sur ce qu’impliquent les injonctions à la performance.

Mais le commentaire sportif de la ministre – « Dans quelques années, il n’y aura peut-être plus d’affaires de dopage parce que les gens seront persuadés d’être pris » – trahissait sa croyance quasi théologique dans la répression pour l’exemple, que l’on retrouve au cœur du projet de loi Création et Internet, présenté par elle le 18 juin, et dont la ministre n’a pas manqué de faire l’éloge. La « riposte graduée » prévoit-elle la surveillance par les fournisseurs d’accès de leurs clients et des coupures d’abonnement en guise de sanction ? « C’est une démarche très très douce, pédagogique » , selon Christine Albanel, qui voit dans la possibilité qu’auront les internautes de contester une résiliation et de prouver leur bon comportement en fournissant leur disque dur à la haute autorité mise en place par la loi la garantie que l’ « on reste dans le droit commun » , quand ­d’autres décèlent dans cette mesure impraticable une pure et simple fumisterie.
La ministre a d’ailleurs excellé dans les phrases creuses et trompeuses. Les intermittents ? « Je suis à leurs côtés dans les festivals… ». France Télévisions sans pub ? « Les financements sont là. » Le bas niveau des salaires dans les professions culturelles ? « C’est souvent le prix de la vocation. » Le cinéma ? « Il se porte bien » (merci les Ch’tis !). Et les propos de la mi­nistre de la Culture ? Une béance au milieu du vide.

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