Vu et à voir à la télé

Après un été insipide, une rentrée où l’on peine à distinguer le public du privé.

Jean-Claude Renard  • 28 août 2008 abonné·es

Lundi, jour de relâche. C’est valable pour le théâtre en cours d’année. Côté télé, ce sont plus de deux mois de relâche. Une saison à l’encéphalogramme plat. À l’intérieur de cette saison estivale, c’est le mercato qui s’agite, c’est-à-dire le marché des transferts des journalistes animateurs d’une chaîne l’autre. Fin de partie pour PPDA, remplacé sur TF 1 par Laurence Ferrari, arrivées conjuguées de Julien Courbet et de Patrick Sabatier sur France 2 (selon l’expression consacrée, « excusez du peu ! »). À vrai dire, un marché entre bougre d’âne et bougre d’andouille où la fameuse ménagère ne sait plus guère distinguer le service public de l’entreprise privée puisque les agents du secteur passent les haies sans problème.
L’été a été marqué par les Jeux olympiques de Pékin. Avec une moyenne de 1,4 million de téléspectateurs pour France Télévisions, soit 25,3 % d’audience, avec un record à 48 % pour la cérémonie d’ouverture (5 millions de téléspectateurs) et une breloque d’argent pour les sabreurs avec 4,3 millions de personnes devant l’écran. Pas de quoi pavoiser cependant pour France Télévisions, qui avait déboursé 56 millions d’euros pour la diffusion de ces Jeux, pas grand-chose par rapport aux recettes publicitaires engrangées : cinq fois moins qu’à Athènes en 2004.

À part ça, les cases de réflexion à la télévision sont à la plage. Non pas que la télé estivale soit un déferlement de médiocrités (quoique). Mais il ne reste guère d’esprit critique. Sinon une case : le zapping de Canal +. Ainsi, à la mi-août, cette bousculade d’images remarquablement montées en cinq minutes alignait une scène illustrant la béance de « Secret Story », la violence des propos et le mépris du président russe à l’égard des Géorgiens, un sprint sur la piste olympique, les chars russes aux portes de Tbilissi, des bombardements et une publicité, très largement diffusée, ahurissante et incongrue, tonnante dans l’actualité : « Grâce à leur avancée technologique et à leur puissance, les chars Panzer ont bouleversé les règles du combat militaire. Panzer : collectionnez les modèles réduits des blindés allemands de la Seconde Guerre mondiale. Des reproductions inédites d’une qualité exceptionnelle. Le n° 1 et le fascicule, 2,99 euros seulement chez votre marchand de journaux. »

Passons sur la formule « les chars Panzer » puisque Panzer signifie char en allemand. Le clip publicitaire mêle en une poignée de secondes des images d’archives et le produit vendu. Détachant trois mots : technologie, puissance, Panzer. Altaya, fabricant de ce petit bijou de bon goût historique (le Panzer plutôt qu’un avion de la RAF), est une société espagnole. On peut espérer pour bientôt le massacre de Guernica en modèle réduit.

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