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Politis  • 11 septembre 2008 abonné·es

Antisémitisme et politique

L’agression dont ont été victimes trois jeunes juifs portant kippa, samedi dans le XIXe arrondissement de Paris, a-t-elle un caractère antisémite ? Comme d’habitude, les politiques – en l’occurrence Michèle Alliot-Marie – s’empressent d’emboîter le pas aux organisations juives en toute méconnaissance de cause, alors que les enquêteurs sont infiniment plus prudents. Ce quartier de Paris est en effet le théâtre d’affrontements fréquents entre bandes, dont certaines constituées de jeunes juifs aussi souvent agresseurs qu’agressés. Le dramatique passage à tabac de Rudy, le 21 juin dernier, relevait clairement de ce phénomène. Mais, au contraire de Rudy, les trois jeunes agressés samedi ne sont pas connus pour appartenir à l’une de ces bandes. S’il était établi qu’ils ont été caillassés parce qu’ils portaient une kippa, le caractère antisémite de l’agression ne ferait aucun doute. Cependant, cette fois encore, les tentatives de récupération ne servent pas la vérité.

Le « trouble » de Mme Parisot

Le nouveau fichier de police Edvige n’en finit pas d’inquiéter. Même Laurence Parisot s’est dite « assez troublée » par les renseignements collectés. « Je note que nous n’avons pas été consultés alors que nous sommes concernés en tant que militants de l’entreprise » , a regretté la présidente du Medef. Notons donc que ce doit bien être la première fois que le Medef n’inspire pas le gouvernement, depuis l’arrivée au pouvoir de Sarkozy. On comprend que Mme Parisot s’en offusque.

La laïcité comme prétexte (1)

Un procès pour braquages qui devait s’ouvrir le 16 septembre, pendant le ramadan, est renvoyé par le parquet général de la cour d’appel de Rennes, et voilà que certains ( Libération, le Figaro, Fadela Amara…) dénoncent bruyamment une violation du principe de laïcité. Mais à y regarder de près, plusieurs éléments du dossier – dont la condamnation d’un gendarme enquêteur pour agression sexuelle sur un des témoins – plaidaient en faveur du renvoi. Et puis nombre de magistrats soulignent qu’à Noël il n’y a pas d’audiences et que les reports pour cause de fêtes religieuses sont courants. Le pragmatisme serait-il donc une faute envers les seuls musulmans ?

La laïcité comme prétexte (2)

Sept lycéennes ont été exclues du lycée Lislet-Geoffroy, à Saint-Denis-de-la-Réunion. Motif : elles portaient le voile. La loi, scrogneugneu, c’est la loi, pour le nouveau recteur Paul Canioni, qui soutient le proviseur de ce lycée. Seulement, la tolérance envers les fameux signes religieux « ostensibles » remonte à loin, à la Réunion, et c’est bien la première fois que sur cette île multiculturelle, où les religions cohabitent paisiblement, on renvoie des jeunes filles chez elles pour cause de fichu. C’est sans doute ce qu’on appelle une victoire de la laïcité…

Politique
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