On prend les mêmes et on recommence ?

Thierry Brun  • 15 octobre 2008
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En pleine crise financière, Christine Lagarde, ministre de l’Economie, a décidé de donner un « nouveau souffle » au Conseil pour la diffusion de la culture économique (Codice). On prend les mêmes et on recommence ?

Décidément, il sera difficile de tirer les leçons de la crise financière et de sortir du carcan idéologique néolibéral. Christine Lagarde a renouvelé statut et membres du Conseil pour la diffusion de la culture économique (Codice), un organisme institutionnel qui a pour vocation d’expliquer les mécanismes de l’économie aux Français « de manière simple et non partisane », a expliqué la ministre de l’Economie. Le Codice a donc conçu un site internet « grand public, particulièrement destiné aux jeunes » (www.kezeco.fr).

Quelles sont les personnalités indépendantes du monde de l’économie nommées par Christine Lagarde pour symboliser ce « nouveau souffle » ? Le « comité des sages » sera présidé par, tenez-vous bien, Eric Le Boucher, actuel directeur de la rédaction d’Enjeux-Les Echos et chantre du libéralisme à tout crin. Et parmi les vingt membres, on constatera qu’un grand nombre de ces personnalités n’ont pas vu venir la succession de krachs de ces deux dernières décennies. Et pour cause ! Ce sont des adeptes de la dérégulation et de la main invisible du marché.

Il ne faut donc pas s’étonner si l’on retrouve dans le comité des sages l’économiste Daniel Cohen, le président de BNP Paribas, Michel Pébereau, le président du directoire de Schneider Electric, Henri Lachmann, Jean Kaspar, consultant en stratégies sociales et ancien secrétaire général de la CFDT réformiste.

Cerise sur le gâteau, le comité exécutif a dans ses rangs Agnès Verdier-Molinié, vice-présidente de l’Institut français pour la recherche sur les administrations publiques (IFRAP), un think tank ultralibéral bien en cour, qui a ses entrées au gouvernement. Ledit comité exécutif sera présidé par Nicolas Bordas (président de TBWA-France, agence de communication de multinationales, entre autres) et « devra entreprendre toutes les actions qu’il jugera nécessaires en faveur de la pédagogie de l’économie ».

Dans son communiqué, Christine Lagarde a pris soin de préciser que « le choix des 21 (sic) nouveaux membres du Codice répond à un souci d’objectivité, de légitimité et d’efficacité. Le Codice est tout à fait indépendant du pouvoir politique et entreprend à sa guise les actions qu’il juge nécessaires ».

La pensée unique est entre de bonnes mains et a encore de beaux jours devant elle.

Temps de lecture : 2 minutes
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