Encore combien de morts ?

Mardi, les discussions se poursuivaient au Caire pour parvenir à un cessez-le-feu. Mais la pression portait surtout sur le Hamas.

Denis Sieffert  • 15 janvier 2009 abonné·es

Un haut responsable égyptien, impliqué dans les discussions qui se poursuivaient au Caire, a dit espérer « que puisse être stoppée la machine de guerre israélienne d’ici la fin de la semaine » . Cette déclaration faite mardi laissait craindre le pire. Après neuf cents morts, Israël disposerait de quatre ou cinq jours supplémentaires pour aggraver le massacre dans une proportion effroyable. Alors même que des ONG comme Human Rights Watch dénonçaient l’usage de bombes au phosphore par l’armée israélienne [^2], ce délai clamé comme une « bonne nouvelle » témoignait une nouvelle fois de l’indifférence de la communauté internationale. On se demande où est passé le « devoir d’ingérence » cher à Bernard Kouchner. Le Quai d’Orsay se contentait de demander mardi l’arrêt des bombardements au phosphore. Comme si chaque nouvelle horreur faisait reculer le niveau d’exigence de la France vis-à-vis d’Israël.

Par ailleurs, on pouvait s’étonner aussi que la pression égyptienne et internationale s’exerce surtout sur le Hamas. L’Égypte déclarait mardi « attendre » un engagement « sans délai » du Hamas en faveur du plan égyptien. Le même négociateur disait avoir perçu « plusieurs signes favorables » de la part d’Israël. Mais pas davantage de réponse ferme. On peut imaginer que si Israël dispose de cinq jours supplémentaires, il finira ensuite par être favorable au plan égyptien. D’autant que le plan égyptien a une configuration pour le moins asymétrique. Il prévoit l’installation d’une force internationale à l’intérieur du territoire palestinien, le long de la frontière égyptienne, pour priver le Hamas d’armes et de munitions. Autant dire que, parallèlement, le désarmement d’Israël n’est pas à l’ordre du jour. Mais, surtout, le Hamas, par la voix de son principal responsable, Ismaïl Haniyeh, demande préalablement « le retrait des forces sionistes » , « l’ouverture des points de passage et la fin du blocus » . La fin du blocus, c’est évidemment la grande question sur laquelle Israël ne s’est pas prononcé, car ce serait mettre un terme à cette situation de colonisation sans colons qui perdure depuis juin 2007, et libérer cette « prison à ciel ouvert » qu’est devenu Gaza. Mais on en n’est pas là. On en est à compter les morts alors que les chars entraient de plus en plus profondément dans Gaza City. Enfin, le plan égyptien prévoyait un autre élément clé qui ne dépend pas seulement du Hamas : la réconciliation interpalestinienne.

[^2]: Un agent toxique qui provoque des brûlures, et endommage le foie, le cœur et les reins.

Monde
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

Des deux côtés de l’Atlantique, la social-démocratie n’est jamais finie (mais c’est pas jojo)
Analyse 6 juin 2025

Des deux côtés de l’Atlantique, la social-démocratie n’est jamais finie (mais c’est pas jojo)

Les gauches sont bien à la peine à l’échelle mondiale. Trop radicales, elles perdent. Les moins radicales sont diabolisées. Toutes sont emportées dans un même mouvement. Pourtant, dans un monde où les vents de l’extrême droite soufflent fort, la social-démocratie n’a pas encore perdu la partie.
Par Loïc Le Clerc
Avoir moins de 20 ans dans la bande de Gaza
Récit 4 juin 2025 abonné·es

Avoir moins de 20 ans dans la bande de Gaza

Plus de 50 000 personnes au sein du territoire enclavé ont été tuées ou blessées par l’armée israélienne depuis le 7-Octobre. Mais le sort des survivants doit aussi alerter. Privée d’éducation, piégée dans un siège total au cœur d’une terre dévastée, toute la jeunesse grandit sans protection, sans espoir.
Par Céline Martelet
À Gaza, « les enfants sont en train d’être exterminés »
Entretien 4 juin 2025 abonné·es

À Gaza, « les enfants sont en train d’être exterminés »

Khaled Benboutrif est médecin, il est parti volontairement à Gaza avec l’ONG PalMed. La dernière fois qu’il a voulu s’y rendre, en avril 2025, Israël lui a interdit d’entrer.
Par Pauline Migevant
En France, la nouvelle vie des enfants de Gaza
Témoignages 4 juin 2025 abonné·es

En France, la nouvelle vie des enfants de Gaza

Depuis le début de la guerre dans l’enclave palestinienne, les autorités françaises ont accueilli près de cinq cents Gazaouis. Une centaine d’autres ont réussi à obtenir des visas depuis l’Égypte. Parmi ces réfugiés, une majorité d’enfants grandit dans la région d’Angers, loin des bombardements aveugles de l’armée israélienne.
Par Céline Martelet