La chasse aux biffins

De modestes vendeurs d’objets récupérés sont sévèrement réprimés par la police.

Xavier Frison  • 19 février 2009 abonné·es

Commercer pour quelques euros hors des sentiers battus peut coûter cher, même aux plus modestes. Le militant du PCF Lounis Ibadioune était convoqué au tribunal ce 18 février après avoir refusé de payer l’amende reçue en février 2007 pour « vente de marchandise dans un lieu public sans autorisation » . Le crime de cet homme était de vendre… l’Huma dimanche au marché Dejean, dans le XVIIIe arrondissement de Paris. En outre, « des militants associatifs ont été, depuis, importunés à diverses reprises, de Château-Rouge à Barbès. Quel que soit le prétexte invoqué, il s’agit d’atteintes de fait à la liberté d’expression » , estiment l’association Sauve qui peut et le Comité de soutien aux biffins de la porte Montmartre, confrontés au même type de répression aveugle.

Les biffins, ce sont des hommes et des femmes à très faibles ressources, parfois sans toit, qui n’ont pour seul moyen de survie que la vente d’objets récupérés la nuit dans les rues et les poubelles, ou tirés de leur maigre patrimoine. Chaque week-end, les biffins s’installent sous le pont du périphérique, à la porte Montmartre et à Saint-Ouen (93), à l’orée du marché aux puces, pour tenter d’y vendre ces objets. D’autres exercent la même activité, « absolument nécessaire à leur survie » , à Montreuil et ailleurs. Seulement voilà, en sus de leurs difficultés de logement, ils sont de plus en plus victimes de l’ « acharnement » de la police, qui n’hésite pas à confisquer et à détruire les biens saisis. Sans oublier d’infliger une amende de 172 euros par contrevenant.
Même tarif, même motif que pour Lounis Ibadioune. Un objet recueilli dans une poubelle et proposé à quelques euros ou centimes d’euros « est-il vraiment une marchandise comme les autres, pouvant justifier une telle sanction ? », s’interrogent l’association et le comité, qui appellent à faire « cesser la répression contre les classes populaires ».

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