Compromis, l’élan vert d’Obama ?

Hélène Crié-Wiesner  • 12 mars 2009 abonné·es

Saint Louis, dans le Missouri, est une ville très ouvrière qui frôle les 3 millions d’habitants. Comme partout aux États-Unis, la crise frappe dur. Expulsions, faillites, fermetures d’entreprises… Les caisses de la cité, qui ne sont plus alimentées par les impôts locaux et les diverses taxes locales, sont exsangues. Tous les budgets publics sont donc amputés. Notamment celui des transports collectifs : 2 300 arrêts de bus seront supprimés fin février. Des milliers de travailleurs vont perdre leur travail, faute de pouvoir s’y rendre. Car oui, même aux États-Unis, des tas de gens n’ont pas de voiture. La situation de Saint Louis quant aux transports est, pour l’instant, la pire des États-Unis.
Le métro de Washington va supprimer 900 emplois et diminuer la fréquence de ses trains. Chicago augmente drastiquement les tarifs du sien. Charlotte, en Caroline du Nord, qui vient de mettre en service un tramway ultramoderne, en restreint déjà la circulation et augmente le prix du ticket. La régie des transports de New York annonce 23 % d’augmentation de sa carte orange, la suppression de 24 lignes de bus et de 2 lignes de métro, une réduction du service en période de pointe, et la fermeture de certaines stations la nuit. Les transports d’Atlanta, de Boston, et de San Francisco n’ont guère plus d’avenir.

Alors que, partout aux États-Unis, il y a un rush sur les transports en commun. Résumons : plus grande est la demande, plus l’offre se restreint. Le phénomène est d’autant plus paradoxal qu’il intervient quand le pays se décide enfin à une diminution drastique de ses émissions de gaz à effet de serre. Pour cette raison, et aussi pour créer des emplois, la nouvelle Amérique veut mettre le paquet sur le rail et, en général, sur les infrastructures. En attendant la modernisation, on assiste à une détérioration sérieuse, ce n’était pas prévu au programme.
Autre mauvaise surprise : les chantiers de fermes éoliennes et solaires sont en panne, faute de crédit disponible. Or, vu la taille des projets aux États-Unis, le moindre d’entre eux dépend à 50 % des prêts bancaires. Les banques ne prêtent plus aux investisseurs et aux développeurs, lesquels ne passent plus commande aux fabricants de turbines et de panneaux, dont les prix s’effondrent, et qui débauchent déjà leurs ouvriers. Les installateurs d’énergies renouvelables escomptent une baisse de moitié des projets lancés en 2009 par rapport à l’an dernier.

Et la grande mutation industrielle promise par Barack Obama, alors ? Les transports non polluants du XXIe siècle, les sources d’énergie renouvelables destinées à remplacer progressivement les sales charbon (américain) et pétrole (étranger) ? Oh ! bien sûr, de vigoureuses incitations fiscales favorisant les projets « verts » vont être instaurées très vite. Mais si les banques rescapées ne prêtent pas, elles ne prêtent pas, point final.
L’État n’aura certainement pas les moyens de financer tout cela sur ses fonds propres. Sans parler de l’éducation, du système de santé, de retraite, etc. Non, même en arrêtant la guerre, Obama aura du mal à bâtir la société plus écologique qu’il appelle de ses vœux. C’est difficile de changer le monde !

Écologie
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