Quel partenaire israélien pour la paix ?

Wissam Alhaj  • 16 avril 2009 abonné·es

La phrase a été maintes fois répétée jusqu’à la mort de Yasser Arafat : « Israël n’a pas de partenaire pour la paix. » Ce qui était un comble pour cet homme qui avait reconnu Israël et concédé 78 % des terres de l’ancienne Palestine mandataire. Depuis la disparition du chef historique de l’OLP, en 2004, la population ne comprend pas pourquoi la direction de l’Autorité palestinienne maintient un semblant de négociation d’une totale inefficacité, et alors qu’elle ne parvient même pas à obtenir le gel d’une colonisation galopante en Cisjordanie et à Jérusalem.

On connaît la suite. Israël a fait ses adieux à l’administration Bush en organisant un carnaval mortuaire sur Gaza, puis a constitué un gouvernement, dirigé par le chef du Likoud qui ne veut pas d’État palestinien, avec un ministre travailliste de la Défense qui ne connaît que la guerre, et un ministre des Affaires étrangères, ancien videur de boîte de nuit, accusé de corruption, qui a débuté sa fonction en affichant son opposition violente à tout processus de paix, y compris celui d’Annapolis.
De l’autre côté, le président palestinien Abbas n’arrive toujours pas à remplir le vide laissé par son prédécesseur. Il est entouré d’un groupe de bureaucrates qui ne jouissent d’aucune légitimité populaire, et qui se sont eux-mêmes enfermés dans le rôle de porte-parole de la politique américaine. Quant au Hamas, il tente toujours en vain d’obtenir une reconnaissance politique. Une division aberrante entre les partis politiques s’est installée sur le programme politique et la question du partage du pouvoir. À cela, s’ajoute au plan régional et international un jeu de coalitions complexes qui se croisent et s’entrecroisent dans le champ de mines du Moyen-Orient.

Aujourd’hui, tout indique que sans fermeté internationale il y aura tôt ou tard une nouvelle guerre. Le nouveau gouvernement israélien est voué à l’échec depuis sa naissance. Cela pour des raisons internes et parce que, trop dogmatique, il est dépourvu de la moindre souplesse politique. C’est pour cela qu’une prochaine guerre est probable, avec l’Iran, avec le Hezbollah ou avec les Palestiniens.

Tel est le tableau à partir duquel Barack Obama va devoir gérer la question palestino-israélienne et prendre des décisions stratégiques. S’il veut vraiment « la fin de l’ère des conflits et des guerres », il ne pourra pas éviter un affrontement diplomatique avec Israël. S’il veut se montrer fidèle à ses engagements en faveur de deux États, comme il l’a affirmé à plusieurs reprises, ainsi que la secrétaire d’État Hillary Clinton, s’il veut en finir avec un conflit vieux de presque un siècle et, surtout, s’il veut rompre avec la politique de son prédécesseur, il devra d’abord répondre à la question : « Quel partenaire pour la paix côté israélien ? »

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Gaza, trois mois après
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