Monsieur le Premier ministre…
Didier Porte résiste à l’invasion des formatages polis depuis une vingtaine d’années. Chroniqueur à France Inter, il nous offre sa chronique du 27 mars dernier, consacrée à Alain Juppé, venu présenter son dernier essai.
dans l’hebdo N° 1057 Acheter ce numéro
«Monsieur le Premier ministre, je vous prie de recevoir mes dévotions républicaines, ainsi que l’expression de mon adhésion inconditionnelle à la totalité de votre œuvre. J’ajoute que je suis bordelais par mon grand-père et surtout par ma cave. Vous vous rendez compte : à quarante ans près, plus quelques bouteilles de Saint-Julien derrière la cravate, j’aurais pu voter pour vous. J’ai décidé de me montrer extrêmement déférent, pour ne pas dire obséquieux, voire carrément lèche-cul à l’endroit de notre invité. Lequel, étant agrégé de lettres, n’aura pas manqué de noter l’oxymore que je viens de ciseler avec une rare élégance. Si, se montrer lèche-cul à l’endroit de quelqu’un, c’est un oxymore. Merci de m’en féliciter, Monsieur le Premier ministre. Il est essentiel pour moi, mais aussi pour nous tous, de dorloter notre invité. N’oublions pas que Radio France risque d’avoir bientôt un nouveau président, il ne faut surtout pas insulter l’avenir. Or, je me suis laissé dire que, lorsqu’on travaille à Radio France et qu’on est un ami personnel d’Alain Juppé, plus rien ne peut vous