36 Vues du pic St-Loup

Politis  • 10 septembre 2009 abonné·es

Après une très longue absence, Kate
(Jane Birkin) est revenue s’agréger à la petite troupe de cirque que son père, décédé, dirigeait. Le cirque effectue une tournée dans les Cévennes, attirant un public très clairsemé. Un Italien de passage, Vittorio (Sergio Castellito), intrigué par la personnalité de Kate, qu’il rencontre sur la route, va s’arrêter pour tenter de comprendre le mystère de cette femme. Pour le spectateur du nouveau film de Jacques Rivette, 36 Vues du pic St-Loup, ce n’est pas à proprement parler la révélation ou non du drame caché de Kate qui en constitue le suspense. Aussi relâché que le précédent, Ne touchez pas la hache, était concentré, alternant les numéros de cirque et les discussions hors spectacle dépressives – André Marcon et Jacques Bonnaffé interprètent à merveille deux clowns peu doués pour le comique, qu’ils soient sur la piste ou non –, le film, pourtant, suscite l’intérêt de bout en bout. Sans doute parce que 36 Vues du pic St-Loup réussit son exercice d’équilibrisme, à l’image d’une Jane Birkin filmée marchant sur un fil, entre la fantaisie stylisée des relations entre les personnages et le réalisme des numéros de cirque. La vertu exigée est d’ailleurs la même : la légèreté.

Fermeture à Lyon

Le CNP Odéon, salle de cinéma indépendante, a fermé ses portes cet été à la surprise générale, dont celle de ses salariés. Son propriétaire, le producteur Galeshka Moravioff, a en effet résilié le bail, fait déménager le projecteur et démonter les fauteuils au début du mois d’août, dans le plus grand secret, à la manière d’un patron voyou. Pour l’Association du cinéma indépendant pour sa diffusion (Acid), cette salle « a toujours effectué un travail remarquable en termes de programmation, d’animation et d’exposition des films dans la durée » . Et l’Acid d’ajouter : «  À l’heure où les œuvres les plus singulières, les plus ambitieuses, peinent à trouver durablement le chemin des salles, expulsées par un marché gagné par la maladie du résultat immédiat, c’est une fenêtre essentielle d’exposition de la diversité du cinéma dans la deuxième ville de France qui est en danger aujourd’hui et, à travers elle, la liberté de tous les cinéastes d’avoir accès à tous les publics (y compris des centres-villes) et celle du public de voir les films de son choix ». Les salariés et les spectateurs se tournent désormais vers les élus locaux.

Culture
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