Pur jus première bourre
Henri Godard et Jean-Paul Louis éditent un imposant volume de la correspondance de Céline, véritable soubassement de l’œuvre.
dans l’hebdo N° 1081 Acheter ce numéro

Deux lettres pour commencer. Ou plutôt pour finir. La première à Roger Nimier, son éditeur : « Je n’ai pas une minute à perdre, je veux passer la 70e borne en plein effort, en trombe, au diable, le public ! Ah quel admirable conseil, j’écris céans à Gaston et vive les 1 500 NF ! J’en suis ! De moi tout est appelé à se vendre bien puisque les autres s’entêtent en Bourget, Maizeroy, je n’y suis pour rien, ces acharnées vieilles nouvelles vagues me tiennent en perpétuelle nouveauté ! Affection/Louis/Pas Colin Maillard Rigodon l e prochain/Vous savez je cogite très lentement mais des années d’avance, déjà la bande/Par-ci ! vite ! par-là ! » La seconde lettre est adressée au patron, Gaston Gallimard, « le grand chocolatier » : « Mon cher Éditeur et ami/Je crois qu’il va être temps de nous lier par un autre contrat, pour mon prochain roman “rigodon” »… dans les termes du précédent sauf la somme – 1 500 NF au lieu de 1 000 – sinon je loue, moi aussi, un tracteur et vais défoncer la NRF, et pars saboter tous les bachots ! Qu’on se le dise ! Bien amicalement vôtre/Destouches »
Ces deux lettres datent du 30 juin 1961. Louis-Ferdinand Céline