Dessine-moi une ville

Pour aménager et développer un territoire, les stratégies varient. Et les candidats empruntent des voies différentes, assez révélatrices de leurs priorités.

Clémentine Cirillo-Allahsa  • 25 février 2010 abonné·es

Le projet d’une société apparaît en filigrane dans le maillage de son territoire par les transports : au-delà de son aménagement économique, cela détermine aussi son développement. Les problématiques environnementale et sociale actuelles exigent un changement radical de nos comportements qui impose d’établir une nouvelle politique des transports en commun. Même en tenant compte des évolutions récentes, avec l’apparition de vastes zones périurbaines, les stratégies divergent.
Une gauche qui met le social au cœur de son aménagement urbain refusera de rehausser le prix de l’essence ou d’instaurer des péages urbains, des mesures testées outre-Manche qui taxent pauvres et riches à l’identique. Celle qui privilégie l’environnement sera plus encline à dissuader que convaincre. « À Copenhague, 40 % des déplacements se font à vélo ! 50 % des trajets en voiture en France font moins de 4 km », déplore Jean-Pierre Girault, chargé des transports pour Europe Écologie.
Outre ce développement du vélo, les Verts ont dans leur programme un objectif : « Un transport en commun à moins d’une demi-heure de chaque point du territoire » avec le développement de « pôles multimodaux autour des gares, proposant auto-partage, location de vélos, covoiturage, taxis collectifs et surtout un maillage dense métro-bus-tram » . Réponse la plus rapide à la saturation des lignes ferrées, les bus sont aussi les moins coûteux pour assurer une amplitude journée et des fréquences attractives. Et, en attendant des investissements plus lourds, les écologistes espèrent par la création de structures de vie au sein même des gares – commerces, services, mais aussi lieu de télétravail wifi – rentabiliser et améliorer l’attente des usagers.

« La réduction des distances urbaines passe par un réseau en toile d’araignée comme celui du métro parisien, l’un des meilleurs du monde », note Pascale Le Néouannic. Pour cette tête de liste (PG) dans les Hauts-de-Seine, qui déplore la complication des déplacements de banlieue à banlieue, un programme « mobilité-urbanité » passe par la transversalité. Plus d’accessibilité pour permettre une véritable réappropriation de l’espace public, mais aussi parce qu’il est indispensable de redonner du temps à chacun pour vivre. Une restructuration qui passe également par un meilleur partage de la route : « Repenser la ville, affirme-t-elle, c’est aménager des zones piétonnes dans les centres périurbains, là où les équipements pour marcher ou pédaler en sécurité sont particulièrement rares. »

Garantir l’accessibilité aux transports pour tous, Rafik Qnouch, candidat du NPA en Île-de-France, en rêve. Aux belles rames de nouvelle génération « climatisées, sécurisées et confortables » vantées par le président de la région, lui oppose un vécu moins enviable : aujourd’hui « les personnes à mobilité réduite éprouvent des difficultés d’accès dans 49 % des gares franciliennes ». Quant aux jeunes de banlieues, ils sont trop souvent « ghettoïsés par des services de bus lacunaires, comme à Clichy-sous-Bois, tristement célèbre pour les émeutes de 2005, où le projet de tramway n’avance pas ». Désenclaver les quartiers populaires n’est pas seulement un chantier important pour retisser les liens de la ville de demain. C’est aussi une nécessité sociale, quand l’augmentation du prix des loyers exile toujours plus de ménages vers la banlieue, toujours plus loin.

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