Le sociologue et le sport

Sophie Chapelle  • 25 février 2010 abonné·es

Ce soir-là à Annecy, le CAO a invité un sociologue à débattre sur le sport comme royaume de la pensée unique. Le sport auquel Michel Caillat fait référence n’est pas l’activité sportive, mais « la situation motrice avec des règles dans un cadre compétitif et institutionnel ». « Le sport est impensé, assure le sociologue, le nommer suffit à le qualifier de positif car il fait l’objet d’adoration. »

À ses yeux, l’hystérie collective qui a suivi la Coupe du monde de 1998 mérite une analyse. Et si le dopage, le racisme et l’entraînement sportif intensif et précoce couvrent parfois les colonnes des journaux, Michel Caillat veut aller plus loin dans l’interrogation de cette institution. Le sport distillerait « les valeurs de l’ordre établi, l’exacerbation de l’individualisme, le culte du chef, l’apologie de la concurrence, du rendement et au final de la souffrance ».

Parmi les croyances établies, celle du « sport remède ». « Il ne suffit pas de mettre des rings pour solutionner des problèmes de banlieue, explique Michel Caillat. Les sociologues savent que le transfert ne se fait pas toujours. » Un discours qui passe mal auprès des psychologues du sport présents dans la salle.
« On me demande parfois si j’aime le sport. Aurait-on posé la même question à Bourdieu sur l’école ?, demande-t-il. Je veux juste amener les gens à questionner ce phénomène. »
Et Khaled Deghane, du CAO, de conclure : « Certains disent ni ici ni ailleurs. Nous, nous sommes pour d’autres JO, à taille humaine, ouverts aux plus pauvres, faisant plus de place au sport amateur. »

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