Arrogance

Après la réforme du système de santé, le Proche-Orient est l’autre défi d’Obama.

Denis Sieffert  • 25 mars 2010 abonné·es

Le calendrier avait presque valeur de symbole. À peine sorti de l’épreuve de force sur la réforme du système de santé, Barack Obama recevait, vingt-quatre heures plus tard, le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, mardi à Washington. Il n’est pas exagéré de dire que le conflit israélo-palestinien devrait être l’autre test du premier mandat du Président américain. L’équivalent en politique étrangère de la réforme de santé en politique intérieure.

Politique étrangère ? Ce n’est pas si sûr tant les conséquences sont fortes aux États-Unis mêmes. Benyamin Netanyahou ne s’y est d’ailleurs pas trompé. À la veille de sa rencontre avec Barack Obama, il devait s’exprimer devant le congrès de l’American Israel Public Affairs Committee (Aipac), le tout-puissant lobby pro-israélien. Celui-ci compte quelque trois cents membres du Congrès, dont au moins 60 sénateurs qui devaient assister au discours de Netanyahou. Il devait y réaffirmer son credo, celui qui fait conflit avec l’administration américaine : « Jérusalem n’est pas une implantation », a-t-il lancé, non sans une certaine arrogance. Autrement dit, la ville sainte, annexée de façon unilatérale après la guerre des Six-Jours, en 1967, n’est pas considérée par Israël comme faisant partie des territoires palestiniens.
D’où le feint étonnement israélien devant les protestations internationales après l’annonce d’un programme de construction de 1600 logements dans un quartier de Jérusalem-Est. Auparavant, Hillary Clinton, la Secrétaire d’État américaine, avait elle-même rappelé devant le congrès de l’Aipac qu’«  Israël devait faire des choix difficiles mais nécessaires » . Ce qui, dit ainsi, n’engage guère les États-Unis. On attend plus de fermeté de la part de Barack Obama.

Le Président américain avait déjà essuyé un refus lorsqu’il avait demandé le gel de la colonisation pour permettre une relance des négociations israélo-palestiniennes. Depuis ce refus, le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, rejette toute possibilité de négociation directe.
La balle est en fait dans le camp de la communauté internationale, et des États-Unis. Il dépend de leur fermeté que les conditions soient de nouveau créées pour une reprise de contact officielle entre l’Autorité palestinienne et Israël. La crise entre les États-Unis et Israël en reste pour l’instant à un échange d’« amabilités ». S’il veut montrer sa détermination, Barack Obama devra assurément passer à un autre registre. Celui des pressions économiques. Mais nous n’en sommes pas là.

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