Des parcs et jardins « zéro pesticide »

À l’occasion de la Semaine pour les alternatives aux pesticides, neuf villes préparent un label garantissant, entre autres, l’absence de produits phytosanitaires pour l’entretien de leurs espaces verts.

Patrick Piro  • 25 mars 2010 abonné·es
Des parcs et jardins « zéro pesticide »
© PHOTO : GANDEN GOSSE

C’est une bande large d’une vingtaine de mètres, pour une longueur de 1,3 km. L’ancienne section « XVIe arrondissement » de la Petite Ceinture (PC XVIe) parisienne a rendu les rails en 1993 pour devenir l’un des quelque 480 parcs et jardins de la ville. On y a déjà recensé 220 espèces végétales et 70 espèces animales. Il est question d’y installer une mare, qui enrichirait encore la faune et la flore.

Le long de l’ancienne PC XVIe, le promeneur traverse au moins trois types de paysages écologiques marqués : une aire de prairie herbacée, un « coteau » calcaire aux plantes rares en milieu urbain, et une zone à tendance humide, avec bouleaux, saules marsaults et peupliers trembles. Une richesse exceptionnelle pour la ville. D’autres sections des 32 km de l’ancienne PC qui l’entouraient ont été rendues à la nature, et ces corridors écologiques préfigurent peut-être « une trame verte parisienne », s’enthousiasme la Verte Fabienne Giboudeaux. Adjointe au maire de Paris en charge des espaces verts, elle a lancé l’élaboration ­participative d’un « plan biodiversité » pour Paris avec associations, citoyens, scientifiques, aménageurs et entreprises.

À l’occasion de la 5e Semaine pour les alternatives aux pesticides, qui se tient du 20 au 30 mars, elle met en avant la quête du « zéro pesticide » dans la gestion des espaces verts. C’est déjà le cas depuis près de quinze ans dans le jardin PC XVIe. Il est géré depuis 1997 par l’association d’insertion Espaces. « Quand la SNCF nous l’a confié, c’était une décharge à ciel ouvert, témoigne Alexandre Wolff, directeur technique d’Espaces. Nous n’avons importé aucune espèce végétale, nous nous sommes contentés d’entretenir les lieux de la manière la plus écologique possible. » Pas d’arrosage ni de traitements chimiques. Les déchets de tailles sont compostés sur les bords, et les tronçons de bois mort laissés sur place, nichoirs de toute une petite faune. L’ancien ballast est devenu promenade. Pour empêcher son invasion par les herbes, il est recouvert de broyats végétaux – le recyclage de sapins de Noël.

La Ville de Paris a mis au point un cahier des charges de gestion écologique de ses espaces verts [^2], qu’elle soumet depuis 2009 à un audit indépendant, pour garantir notamment l’absence d’épandage de pesticides. « Sur les 150 premiers parcs et jardins présentés, souligne Nicolas Rialan, directeur de cabinet de Fabienne Giboudeaux, 82 sont conformes. Nous espérons qu’ils seront 300 à la fin de la mandature, en 2014. »
Paris travaille actuellement avec huit autres municipalités [^3], afin de créer un label qui pourrait s’afficher à l’entrée des espaces verts en 2011. « À l’heure où le Président remet en cause le Grenelle de l’environnement en revenant sur la réduction des pesticides dans l’agriculture, les collectivités ont un grand rôle à jouer dans la préservation de la biodiversité » , soutient Fabienne Giboudeaux.

[^2]: Biodiversité, soins aux végétaux, sols, déchets, eau, énergie, formation des agents, accueil du public.

[^3]: Besançon, Lille, Lyon, Marseille, Montpellier, Nantes, Orléans et Rennes.

Écologie
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