« Météo des plages » de Christian Prigent : À la mer(dre) !

Christian Prigent publie « Météo des plages »,
un roman en vers.

Christophe Kantcheff  • 17 juin 2010 abonné·es

Le clin d’œil est évident : Météo des plages paraît au moment où l’été arrive. Le succès éditorial de l’été ? Ce serait bien. Les lecteurs estivants, et les autres, doubleraient leur expérience directe relativement répétitive – bronzage, bain, bronzage… – d’une multitude de micro-histoires, d’impressions maritimes, de réflexions plus ou moins loufoques ayant trait à la plage, et surtout d’une jouissive explosion de sensations langagières et poétiques. Christian Prigent a conçu Météo des plages comme un « roman en vers », composé en quatrains, avec temps et lieu uniques – une journée à la plage – et personnages – « Elle », « Lui » et « Moi ».

Un roman envers et contre tout l’ordinaire du roman, et même de la ­poésie. Météo des plages dépote. À l’intersection du sable plat et poudreux et de l’immensité du ciel, du prosaïque et des questions existentielles, il évoque ce qui survient dans une station balnéaire : les corps dénudés, la drague, la flore et la faune bizarres, le mazoutage, les noyés… Comment l’évoque-t-il ? En jouant avec le phrasé, en dynamitant la syntaxe, en taillant dans le verbe. Ça sonne dru comme du free jazz compact et ubuesque, c’est beau comme du Albert Ayler rabelaisien. «  Crime ? – Amoco Cadiz Ô maudit caca !/L’anagramme colle au gras moka de co/Ca dissout en soupe âcre avec ca/Davre du global bio dégueulé sur le flot. » « À fond la forme ! » , s’intitule à juste titre un des cha­pitres. Et un autre semble lui répondre ainsi : « On met un short et on y va. » On n’y va pas, on y court !

Culture
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