Disputes et bisbilles à l’UMP

Derrière la lutte engagée entre Jean-François Copé, Xavier Bertrand et François Fillon, c’est le système Sarkozy qui est en cause.

Michel Soudais  • 9 septembre 2010 abonné·es

L’UMP fait sa rentrée politique sous le signe de la division. De déclarations fracassantes en propos assassins, les principaux responsables du parti sarkozyste donnent l’impression de s’entre-déchirer, sans que l’on comprenne très bien ce qui les différencie sur le plan politique. « Une victoire de la gauche est possible en 2012 », avertissent François Baroin, Jean-François Copé, Christian Jacob et Bruno Le Maire, dans une tribune publiée, le 4 septembre dans le Figaro. Pour eux, le parti présidentiel est aujourd’hui atone alors qu’il gagnerait à « faire preuve d’audace » et à accepter « le débat » . Une critique balayée d’un revers de main par la direction de l’UMP, qui se moque de ces « quatre mousquetaires » décrits en « Dalton qui veulent faire un hold-up » sur le parti.

La passe d’armes est révélatrice du climat qui règne au sein d’une droite minée par le doute depuis sa défaite aux régionales et le poids des sondages défavorables. Après les critiques de quelques ténors, dont les anciens Premiers ministres Alain Juppé et Jean-Pierre Raffarin, contre le virage sécuritaire amorcé au cours de l’été, les critiques portent sur la direction même à donner à l’UMP. Et plus aucune autorité ne semble en mesure d’arrêter les règlements de comptes et l’affrontement des ambitions.

Avant de faire tribune commune avec ces trois chiraquiens, Jean-François Copé a décoché les premières flèches, le 31 août, en ouverture de la journée des jeunes UMP à Port-Marly (Yvelines), contre Xavier Bertrand et François Fillon. Le président du groupe parlementaire UMP à l’Assemblée nationale a regretté sans le nommer que le premier « n’ait pas pris l’initiative d’organiser des universités d’été dignes de ce nom » , estimant que le parti présidentiel manquait de « pugnacité et de rassemblement ». Il s’est aussi étonné que le Premier ministre ait marqué « sa différence » avec le chef de l’État sur la sécurité. Xavier Bertrand, en rogne, a sèchement renvoyé le député de Seine-et-Marne dans le camp des « diviseurs » et des « snipers » qui « jouent contre leur camp » . François Fillon lui a indirectement répondu en disant stop aux « petites phrases » , et en appelant la majorité au « rassemblement ».

Mais le message n’a visiblement pas été entendu : Jean-François Copé a récidivé trois jours plus tard avec cette tribune commune dans le Figaro, dans laquelle il réclame une « UMP redynamisée » , proposant ouvertement d’en prendre les rênes. Et Patrick Devedjian renchérit dans un entretien au Parisien, le lendemain. « L’UMP ne va pas fort en ce moment » , y déclare le ministre de la Relance, qui n’a pas digéré son éviction de la direction. Pour lui, l’UMP méritait mieux qu’un « gentil organisateur du Club Med » , et un débat sur la sécurité aurait pu éviter les nombreuses voix dissonantes.

Mais quand Patrick Devedjian, président du conseil général des Hauts-de-Seine, affirme que « mettre l’UMP à la remorque du gouvernement, c’est l’éteindre » et que « l’UMP doit être devant, même si cela comporte des risques » , sa charge vise moins le secrétaire général de l’UMP que Nicolas Sarkozy, qui l’a nommé. Le mode de gouvernement de ce dernier, accusé de diriger à distance son parti, voué au seul relais de la communication élyséenne, est aussi en cause dans la tribune de MM. Copé, Baroin, Jacob et Le Maire : « Il faut que le président de la République puisse s’appuyer sur un trépied solide constitué d’un gouvernement resserré, d’une majorité parlementaire engagée et d’un parti redynamisé », déclarent-ils. « Il est temps pour notre famille politique de préparer dès maintenant 2012 » et cela « nécessite un travail collectif » associant «  les parlementaires, les partis, les clubs politiques, les think tanks », insistent-ils.

Difficile d’imaginer que Nicolas Sarkozy, qui a toujours rêvé d’une droite aux ordres, cède à ces exigences d’une nouvelle répartition des pouvoirs. Elles montent pourtant au sein d’une UMP tiraillée entre les élus du collectif « droite populaire » et d’autres de sensibilité plus centristes qui n’apprécient ni les « exagérations » sécuritaires ni le projet de loi sur la déchéance de la nationalité. En témoignent les déclarations, mesurées, d’un Gérard Longuet, président du groupe UMP au Sénat, qui affirmait, dans un entretien au Figaro , le 1er septembre, que «  c’est aux adhérents de choisir leur secrétaire général ». Une impensable revendication démocratique en sarkozie.

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