Orange broie du noir

Des assises sur le groupe France Télécom-Orange ont mis en évidence une situation inchangée.

Thierry Brun  • 16 décembre 2010 abonné·es

La tâche est toujours aussi difficile, commente l’Observatoire du stress et des mobilités forcées sur son site Internet. « Au 9 décembre, il y a eu 25 suicides et 15 tentatives depuis le début de l’année 2010 dans le groupe France Télécom-Orange. » Un chiffre supérieur à celui de 2009 (18 suicides). Pourtant, les informations « continuent d’être étouffées et distordues par la direction », et le sentiment général qui a prévalu au cours des assises nationales qui se sont tenues les 9 et 10 décembre à la Bourse du travail de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) est que les conditions de travail n’ont pas changé dans l’entreprise.

« On continue de verser 4 milliards d’euros aux actionnaires. Cela se traduit par des objectifs de rentabilité et de pressions sur les salariés. Les problèmes de management sont restés les mêmes » , résume Jean-Louis Bally, militant de la CFE-CGC-Unsa et un des organisateurs des assises. Un autre syndicaliste de la CFE-CGC prévient : « On redémarre de grands mouvements avec des regroupements dans toutes les branches de l’entreprise. Il y aura de gros paquets de mobilité à venir et on croit très moyennement à l’accompagnement de ces mobilités. »

Signe que les salariés vivent mal l’organisation du travail, un atelier consacré à la disparition des réseaux de ressources humaines, du service de santé au travail et des assistants sociaux a présenté un « bilan catastrophique » des « centres services ressources humaines » , clé de voûte du « nouveau contrat social » adressé à chaque salarié par Stéphane Richard, directeur général et successeur de Didier Lombard. « L’entreprise a remédié par tous les moyens aux atteintes à son image de marque, mais l’encadrement de proximité est toujours le même : on continue de harceler, mais avec le sourire… » , ajoute Marc Daviot, délégué syndicat central de SUD.

De son côté, Brigitte Font Le Bret, psychiatre et membre de l’Observatoire, a alerté sur la situation des fonctionnaires en arrêt de travail durable. « Les demandes des agents sont mission impossible dans les instances médico-administratives » , a-t-elle souligné, au point que « certains de ces agents se sont suicidés en raison des méandres administratifs » . « Les fonctionnaires restent soumis à l’arbitraire des directions, juges et parties des procédures, adeptes d’un déni scandaleux » , relève l’Observatoire. Les assises ont donc lancé une campagne « pour faire évoluer les procédures de reconnaissance des accidents de service » . Et les syndicats ont rappelé qu’ils ont déposé une plainte au pénal contre la direction du groupe pour « mise en danger de la vie d’autrui » et pour « harcèlement moral organisationnel » .

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