La poudrière algérienne

Les émeutes se propagent dans toutes les grandes villes en réaction à la hausse vertigineuse des prix des produits de première nécessité. Le gouvernement oscille entre mépris et tentatives d’apaisement.

Meriem Laribi  • 27 janvier 2011 abonné·es

Capitale quadrillée, manifestants arrêtés… La tension monte en Algérie. En une semaine, 8 personnes ont tenté de s’immoler par le feu (2 sont décédées le 24 janvier), et des rassemblements spontanés ont eu lieu à la suite d’appels sur Internet. Une grande manifestation prévue le 22 janvier à Alger, lancée par le Rassemblement pour la culture et la démocratie, dans l’opposition, a été empêchée. Les opposants au régime demandent désormais la levée de l’état d’urgence réduisant les libertés fondamentales depuis 1992, dont celle de manifester. Les raisons de la colère ? Le 4 janvier 2011, un responsable du ministère des Finances annonçait le chiffre insolent de 155 milliards de dollars de réserves en devises pour l’année 2010. Où va cet argent ? se demandent les Algériens. Le Smic tourne autour de 100 euros, et les infrastructures publiques (logements sociaux, transports…) sont insuffisantes et inefficaces. Le 5 janvier, une hausse vertigineuse des prix des produits de première nécessité est à l’origine d’une vague d’émeutes. Les grossistes de l’agroalimentaire auraient créé cette inflation après l’adoption par le gouvernement d’une mesure prévue pour le 31 mars 2011 afin de lutter contre le marché informel. Celui-ci représenterait 17 % de ­l’ensemble des revenus des ménages.

Du côté des émeutiers, aucune revendication. Juste la violence comme expression d’un malaise. Les émeutes se sont propagées dans toutes les grandes villes. Le ministre de l’Intérieur, Daho Ould Kablia, a qualifié les jeunes frondeurs de « nihilistes » . Et d’ajouter que seuls les intéressent « la rapine et le vol » . Un mépris qui renforce le sentiment d’humiliation. Pour calmer la rue, le gouvernement a subventionné les produits de première nécessité. Une gestion de crise qui révèle une absence de réponses sociales et économiques. La révolution tunisienne fera-t-elle des émules en Algérie ?

Monde
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

Des deux côtés de l’Atlantique, la social-démocratie n’est jamais finie (mais c’est pas jojo)
Analyse 6 juin 2025

Des deux côtés de l’Atlantique, la social-démocratie n’est jamais finie (mais c’est pas jojo)

Les gauches sont bien à la peine à l’échelle mondiale. Trop radicales, elles perdent. Les moins radicales sont diabolisées. Toutes sont emportées dans un même mouvement. Pourtant, dans un monde où les vents de l’extrême droite soufflent fort, la social-démocratie n’a pas encore perdu la partie.
Par Loïc Le Clerc
Avoir moins de 20 ans dans la bande de Gaza
Récit 4 juin 2025 abonné·es

Avoir moins de 20 ans dans la bande de Gaza

Plus de 50 000 personnes au sein du territoire enclavé ont été tuées ou blessées par l’armée israélienne depuis le 7-Octobre. Mais le sort des survivants doit aussi alerter. Privée d’éducation, piégée dans un siège total au cœur d’une terre dévastée, toute la jeunesse grandit sans protection, sans espoir.
Par Céline Martelet
À Gaza, « les enfants sont en train d’être exterminés »
Entretien 4 juin 2025 abonné·es

À Gaza, « les enfants sont en train d’être exterminés »

Khaled Benboutrif est médecin, il est parti volontairement à Gaza avec l’ONG PalMed. La dernière fois qu’il a voulu s’y rendre, en avril 2025, Israël lui a interdit d’entrer.
Par Pauline Migevant
En France, la nouvelle vie des enfants de Gaza
Témoignages 4 juin 2025 abonné·es

En France, la nouvelle vie des enfants de Gaza

Depuis le début de la guerre dans l’enclave palestinienne, les autorités françaises ont accueilli près de cinq cents Gazaouis. Une centaine d’autres ont réussi à obtenir des visas depuis l’Égypte. Parmi ces réfugiés, une majorité d’enfants grandit dans la région d’Angers, loin des bombardements aveugles de l’armée israélienne.
Par Céline Martelet