« Correspondances » : Le courage des femmes

Laurence Petit-Jouvet donne la parole à des Maliennes.

Christophe Kantcheff  • 3 mars 2011 abonné·es

Women are heroes. Ce titre, celui d’un très mauvais film sorti il y a quelques semaines, aurait pu convenir au documentaire de Laurence ­Petit-Jouvet qui, lui, met réellement en évidence des femmes de courage. Il est intitulé Correspondances , car la cinéaste a demandé à des femmes maliennes ou d’origine malienne, dans leur pays ou immigrées en France, d’écrire une lettre à une personne de leur choix, connue, inconnue, disparue… Exercice à contraintes qui induit que ces lettres soient lues à l’écran d’une manière ou d’une autre, mais qui a eu pour bienfait de libérer leur parole, de les faire parler d’elles-mêmes sans entraves.

Les femmes qui s’expriment sont de tous les âges et de tous les milieux sociaux. La femme de ménage en France qui fait deux journées de travail en une (lever à 4 h, retour chez elle à 22 h), la secrétaire à Kayes, acceptée tant qu’elle est bénévole mais toujours rembarrée sur des postes rémunérés, la future infirmière à ­l’hôpital Saint-Louis, qui a dû ­rompre avec sa mère restée au pays pour gagner son indépendance, la jeune diplômée qui ouvre une école primaire privée au Mali…

Le film n’est certainement pas misérabiliste, mais montre les nombreuses difficultés que ces femmes, aussi bien au Mali qu’en France (et peut-être plus ici que là-bas), ont à surmonter, et les représentations qui les tiennent prisonnières et qu’elles doivent faire exploser pour être elles-mêmes. L’émotion contenue dans leurs récits est à la mesure du prix à payer pour être libre, même si parfois, pour les plus âgées d’entre elles en particulier, la liberté n’est encore qu’une utopie.

Culture
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