Peu de choses qui révèlent aussi nettement les accointances de fond entre la droiche et la gaute françaises que leur addiction commune à l’industrie nucléaire. Et tant qu’une catastrophe de type soviétique ou japonais ne se sera pas produite sur notre sol, il en sera ainsi.
Depuis vingt-quatre heures que quelques voix écologistes s’élèvent pour réclamer qu’enfin se tienne un débat de fond national qui n’a jamais eu lieu, que soient levés les lourds secrets, mis fin aux grossiers mensonges (ah, ces merveilleux nuages qui s’arrêtent gentiment aux frontières !) ; depuis donc que l’actualité — terrifiante — impose que micros et caméras se tournent un peu plus que de coutume vers les défenseurs de la nature et les tenants d’un autre type de société que celle du toujours plus : le grand mot est lâché, et vole de bouche en bouche d’un bout à l’autre de l’arc-en-ciel politique, de Royal à Copé, de Duhamel (Olivier) à Bertrand (Xavier), comme si les communicants de l’Elysée avaient consigne de faire partager à tous leurs “ éléments de langage ”.
« Indécent ! »
Oser soulever la question de la sécurité du nucléaire civil dans un pays (le nôtre) qui lui confie la production de 80 % de sa consommation d’électricité, et qui tire quelque bénéfice de l’exploitation hors de ses frontières de sa technologie, serait indécent. In-dé-cent , vous dit-on !
Le peuple japonais souffre, ce ne serait pas le moment, on verra plus tard : tel est en gros le discours d’esquive des politiques responsables. Et haro sur les écolos, qui posent de mauvaises questions au mauvais moment.
Il n’est pas sûr du tout qu’un référendum posant la question de la sortie du nucléaire serait gagné, tant le peuple est « shooté au nucléaire », comme le faisait justement remarquer Dominique Voynet ce matin sur France-Inter.
Mais dire que ce n’est pas le moment, que c’est indécent de poser la question aujourd’hui, à chaud ; et surtout le dire à des gens qui réclament ce débat depuis au moins quarante ans, à froid, et qu’on leur refuse obstinément : c’est ça qui est indécent.
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