Jamais de dessert, merci

Sébastien Fontenelle  • 10 mars 2011 abonné·es

À la question : « Appellerez-vous à voter pour DSK au second tour de la présidentielle ? » , Jean-Luc Mélenchon répond généralement : « Un œuf mayo et un bon vieux steak frites des familles, jamais de dessert, merci (mais je prendrai un café). » D’accord, Jean-Luc, le relance-t-on, mais sinon : t’appelleras-tu-ce à voter pour DSK, au second tour de la présidentielle ?   « Trois heures et demie » , répond alors Jean-Luc Mélenchon. À ce moment-là, toute personne dotée de plus d’un neurone comprend que Jean-Luc Mélenchon ne souhaite pas vraiment dire la consigne de vote qu’il donnera au soir du premier tour de la présidentielle, et qu’il serait bienséant de changer fissa de sujet pour lui demander plutôt ce qu’il a mangé à midi, ou l’heure qu’il est – ou qu’on ferme carrément sa petite bouche.

Si on persiste, malgré tout, à lui rompre les parties basses en l’harcelant d’une question qu’il ne souhaite pas qu’on lui pose (QQ’INSPQ’OLP), il finit par répondre, du ton flippant qu’il prend dès qu’on lui pose avec trop d’insistance une QQ’INSPQ’OLP, que dites donc, petit bonhomme, à gauche, on a ce qu’on appelle une discipline de vote, et au second tour, traditionnellement, on porte ses voix en direction du mieux placé candidat, c’est pourtant pas difficile à comprendre, tas de larbins. (Et d’ailleurs, est-ce que vous lui demandez, à DSK, s’il appellera à voter pour moi si j’arrive preum’s ? Non : vous lui demandez pas. So : shut up, m*r-frs*. )

D’où se peut déduire que Jean-Luc Mélenchon, au soir
du premier tour, péroraisonnera bel et bien, mes très chers frères, mes très chères sœurs, voici venu le temps des rires et des chants, et de voter pour DSK. (Ne pas oublier qu’il fut de surcroît, et si du moins mes souvenirs sont bons, de ceux qui nous récitèrent en 2002 que, si Lionel [Jospin] avait si méchamment bouffé le talus, c’était la faute à Jean-Pierre [Chevènement] – et pas du tout parce que Lionel avait narré que son programme n’était « pas » du tout « socialiste », voyons : moi ? Socialiste ? Merde, non, plutôt me faire trappiste à Ré.)

On peut très facilement considérer que Jean-Luc Mélenchon, tant qu’il ne parle ni de l’émancipation de l’indigénat des pentues vallées tibétaines par les enthousiastes libérateurs de l’Armée populaire chinoise, ni de son avis sur les mahométans des rues, peut donner envie à qui souhaiterait plus de gauche dans la gauche d’aller mettre à l’urne un bulletin barré de son patronyme – mais si c’est pour se retrouver le soir même avec un appel à voter pour Dominique, nique, nique, faut maintenant le dire, et vite, parce que bon, personne a signé pour se faire posséder.
Jean-Luc ? M’entends-tu ? Que fais-tu ? ( « Des poireaux vinaigrette et un poulet basquaise – toujours pas de dessert, merci. » )

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De bonne humeur

Sébastien Fontenelle est un garçon plein d’entrain, adepte de la nuance et du compromis. Enfin ça, c’est les jours pairs.

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