New generation

Les moins de 30 ans étaient nombreux aux Glières (Haute-Savoie) ce week-end. Ils racontent à Politis.fr leur première participation au forum des résistances d’hier et d’aujourd’hui, cinquième du nom.

Xavier Frison  • 16 mai 2011
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© *-> A lire jeudi dans le prochain n° de Politis, en kiosque et sur ce site, notre dossier sur le week-end de mobilisation au plateau des Glières.*

Ils sont venus. Au milieu des résistants de la Seconde guerre mondiale et du public traditionnel de ce genre d’évènements militants et citoyens, plus tempes grisonnantes que culottes courtes, les jeunes se sont montrés au plateau des Glières, haut lieu de la Résistance souillé par Nicolas Sarkozy depuis 2007.

Pour parler à Camille, Mathieu et Fabien, tout juste majeurs, il faut néanmoins bien chercher parmi la foule et… viser le sol. Les trois amis de Roanne, dans la Loire, préfèrent attendre assis en tailleur, devant l’estrade qui accueillera bientôt les intervenants réunis par les Citoyens résistants d’hier et d’aujourd’hui (CRHA) en ce dimanche 15 mai.

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Marqués par la présence en ces lieux de Nicolas Sarkozy et de son mauvais parfum ultra-libéral, les trois jeunes ne sont pas pour autant « venus pour ça » . « On est ici pour découvrir comment s’engager, résister, bouger » , lancent-il en choeur. « On a appris des choses ce week-end qu’on n’aurait jamais apprises à l’école , estime Matthieu, 19 ans.  Et entendus parler de gens formidables qui ne sont même pas dans le dico » . « L’idée c’était aussi de rencontrer des personnalités hétéroclites, venus d’horizons différent » , ajoute Camille, 18 ans, casquette de Gavroche sur le crâne. Leurs potes, eux, « ont rigolé » quand ils ont su qu’ils prenaient la route pour les Glières ce week-end. « La plupart s’en foutaient, en fait » , s’amuse Fabien, 18 ans.

Mais les trois compères ont aussi un regard critique sur l’évènement du week-end. « On prêche un peu des convaincus, il faudrait pouvoir toucher des gens qui pensent différemment, débattre avec eux » , estime Camille. « C’est bien de parler entre nous , admet Mathieu, mais, continue son ami Fabien, s’il n’y a pas un réseau qui se construit, avec des actions locales, des valeurs communes, c’est dommage » . Eux trois n’ont pas attendu ce genre d’initiative pour lancer un projet de « café de l’engagement » , un lieu de rencontre des jeunes du roannais, « pour que ceux qui veulent changer les choses sachent qu’il y a quelque chose. » L’endroit est peut-être même déjà trouvé, « on va voir ça, peut-être cette semaine » , espère Camille.

La veille, au village de Thorens-Glières, au milieu des ateliers-débats, Laurianne, lumineuse brune de 22 ans, était elle aussi en demande de débats contradictoires : « Je préfèrerais être confrontée à des gens qui ne pensent pas comme moi, difficiles à convaincre » . Pour l’étudiante en droit et relations internationales venue de Lyon, « le thème de la Résistance mériterait de mettre en relation des gens de bords politiques différents » . Paul et Marie, respectivement 29 et 21 ans, paysan dans une ferme collective et étudiante en Sciences politiques, ont d’autres préoccupations. Pour ce couple de l’Hérault, venus comme beaucoup de jeunes croisés ce week-end après avoir vu le film Walter, retour en résistance , « c’est important de rencontrer des gens qui résistent aujourd’hui, en résonance aux combats des anciens qui continuent de lutter » .

« Moi je suis plutôt intéressée par les résistances actuelles » , tranche Nadjejda, une douce blonde bibliothécaire de 28 ans venue de Chambéry avec son infatigable militante de grand-mère. Encartée nulle part, « pas hyperactive » en terme de d’investissement militant, Nadjejda est venue voir « ce qu’on peut faire aujourd’hui. Et puis venir ici c’est une façon de réinvestir les lieux après les visites outrageantes de Sarkozy. Il n’a rien à faire là » .

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