Un bel héritage

Le pianiste Mico Nissim réinvente le répertoire des fondateurs du free jazz.

Denis Constant-Martin  • 12 mai 2011 abonné·es

Quand on réécoute aujourd’hui des enregistrements du tournant des années 1950-1960, on se demande parfois ce que les musiciens de jazz peuvent encore inventer. Comme si les Miles Davis, John Coltrane, Charles Mingus, Ornette Coleman, Cecil Taylor ou Archie Shepp avaient épuisé le potentiel de modernité que recélait cette musique. Il s’agit là d’un effet de perspective dû au fait que les musiciens créatifs d’aujourd’hui ne sont pas toujours mis en lumière. L’imagination jazziste n’est pas tarie ; elle n’hésite pas non plus à exploiter l’héritage de cette époque d’effervescence créative.

C’est ce qu’illustre le projet de Mico Nissim. Pour rendre hommage à Ornette Coleman et à Eric Dolphy, il a réuni un groupe mêlant les générations (ceux qui, comme Nissim, ont découvert « en direct » le free jazz, et celles et ceux qui se sont révélés plus récemment) ; il a conçu des arrangements qui font ressortir l’originalité de ces innovateurs et montrent vers où il est possible d’aller en repartant de leurs apports. C’est ce que font les solistes : Stéphane Guillaume, aux instruments dolphiens, flûte et clarinette basse ; Laurent Mignard, dont le timbre évoque Don Cherry ; Nissim lui-même, qui souligne ce que cette musique doit à Thelonious Monk et à Charles Mingus ; et Géraldine Laurent, qui, avec son espièglerie habituelle, emmène tout le monde vers l’inconnu. Ce disque est sous-titré Conséquences , qu’il faut comprendre ici selon son étymologie : à la fois succession et suite, continuation sur une route qui laisse encore beaucoup d’espaces à explorer.

Culture
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