L’Amérique maso-schiste

REPORTAGE – L’exploitation du gaz de schiste au Texas tourne à la ruée vers l’or, particulièrement à Fort Worth, première grande ville américaine à l’autoriser. Des militants tentent d’organiser la riposte face aux graves nuisances occasionnées, dans l’indifférence générale.

Xavier Frison  • 22 septembre 2011
Partager :
L’Amérique maso-schiste
© Photos : Xavier Frison

Au Texas, les citoyens mobilisés contre l’extraction du gaz de schiste font figure de rabat-joie. Voire de gauchistes louches, vent debout contre le progrès. Ils ont vu débarquer chez eux, au milieu des années 2000, des commerciaux porteurs d’un deal alléchant : la location du sous-sol de leur jardin à l’industrie gazière, contre un chèque de plusieurs milliers de dollars.
À Fort Worth et ailleurs dans le pays, la plupart des particuliers sollicités ont plongé. Beaucoup ont vite déchanté.

Don Young et Sharon Wilson, dont le combat est détaillé dans ce dossier, ont été parmi les premiers à tenter d’alerter la population sur les dégâts causés par le procédé de la fracturation hydraulique, seule technique d’extraction de ce gaz connue aujourd’hui. Le principe est simple : forer à plusieurs milliers de mètres de profondeur, puis « casser » le schiste emprisonnant le gaz à l’aide d’un mélange d’eau à haute pression, de sable et de produits chimiques.

<img5614|center>Le reportage publié sur notre site (et en partie dans Politis ) est le premier projet financé dans le cadre de la plateforme J’aime l’info, lancée par Rue89. Objectif de cette association à but non lucratif : permettre aux internautes de financer des projets originaux soumis par plus de 120 médias indépendants. Le reportage de Politis a su convaincre treize contributeurs qui ont reçu des newsletters avant, pendant et après le reportage. Nous vous informerons d’un éventuel prochain projet de la rédaction. En attendant, de belles initiatives restent à soutenir sur jaimelinfo.fr.
Sûre et propre selon les industriels, la technique est dévastatrice pour l’environnement, selon les riverains des puits, lesquels sont parfois forés à quelques encablures à peine des habitations, comme à Fort Worth. Air et eau potable viciés, émanations de produits toxiques et consommation d’eau faramineuse sont monnaie courante dans cette ville forée de toutes parts et quadrillée par un réseau souterrain de pipelines sauvage. Sans que les autorités locales, largement financées par l’industrie gazière et obnubilées par l’emploi, n’y trouvent à redire. Les habitants, eux, ne sortent pas indemnes de la course au gaz « non conventionnel » et composent avec de graves problèmes de santé, comme en témoigne Jane Lynn.

En France, l’épée de Damoclès brandie par Total et les autres n’a jamais été si menaçante, tant la bonne odeur de méthane s’échappant du sous-sol aiguise les appétits. « Vous devez continuer à vous battre » , insiste le réalisateur de Gasland Josh Fox, dans l’entretien qu’il nous a accordé. L’inverse tiendrait de l’irresponsabilité.

Illustration - L’Amérique maso-schiste

Un puits en cours de forage à Fort Worth, Texas

Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don