Larcher s’accroche

Victoire de la gauche mais la droite espère conserver la présidence grâce à d’habiles tractations.

Michel Soudais  • 29 septembre 2011 abonné·es

Au Sénat, la droite n’a pas rendu les armes. Même sonnée par sa défaite électorale, l’UMP s’accroche à l’espoir de conserver la présidence d’une assemblée devenue sa « propriété » , selon le mot de l’éditorialiste du Figaro. Dès dimanche soir, Gérard Larcher, qui occupe depuis 2008 le « plateau », du nom de la vaste estrade réservée dans l’hémicycle à la présidence, annonçait sa candidature à sa propre succession. Soulignant que la majorité du Sénat « reste à construire » , il a même promis la victoire à son camp. Un « pronostic » partagé par Jean-Pierre Raffarin, lundi matin, sur France Info.

Bluff ? Dans une assemblée moins politique que d’autres, où la transgression des lignes partisanes assez usuelle, l’hypothèse ne peut être rejetée. Les habitués du Sénat se souviennent qu’il y a trois ans, le socialiste Jean-Pierre Bel, déjà candidat contre M. Larcher, n’avait pas fait le plein des voix de son camp. Mais il manquait alors à la gauche 19 voix pour être majoritaire.

Vu le résultat du scrutin de dimanche, l’élection cette fois ne devrait pas échapper au socialiste ariégeois. La gauche détient 177 des 348 sièges du Sénat et, en son sein, c’est le PS qui, avec 123 sénateurs, pèse du plus grand poids. Le groupe communiste (21 sièges) et les élus EELV (10) ont déjà fait savoir qu’ils voteront pour le candidat que les socialistes désigneront. Pour les 10 radicaux de gauche, Jean-Michel Baylet a fait la même promesse. Restent Jean-Pierre Chevènement (seul élu MRC), que nul n’imagine voter à droite, et 13 divers-gauche, dont 9 ultramarins. Est-ce sur eux que mise l’UMP ?

« Le Sénat est particulier. Il y a des groupes charnières dont on ne sait pas, à deux ou trois voix près, ce qu’ils vont représenter » , assurait lundi Patrick Ollier, qui ne doute pas lui aussi que Gérard Larcher ait « raison de se présenter »  : « S’il a une chance de gagner, il faut qu’il la tente. On fera tout pour l’aider. » Un « on » qui, dans la bouche du ministre des Relations avec le Parlement, désigne le gouvernement et… l’Élysée. La démission de Chantal Jouanno, qui quitte le gouvernement pour siéger au palais du Luxembourg et apporter sa voix à Gérard Larcher le 1er octobre, traduit la volonté du chef de l’État de tenter le tout pour le tout. Encore hésitante la veille, la ministre avait annoncé, sur LCI, qu’elle prendrait sa décision en fonction de ce que lui demanderait Nicolas Sarkozy.

En se maintenant à toute force à la présidence du Sénat, au prix de « tripatouillages » dénoncés par les socialistes, l’UMP prend toutefois un triple risque. Celui de donner l’impression de refuser la démocratie. Celui de renforcer la méfiance vis-à-vis de la classe politique, aggravant une crise politique dont la dispersion des grands électeurs de droite, dimanche, est un symptôme. Celui, enfin, de discréditer l’institution qu’elle prétend sauver du jeu partisan, au moment où socialistes et écologistes se réconcilient avec le Sénat. Même au sein de l’UMP, certains trouvent que la facture serait lourde.

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