Le procès des anti-pub

Les «déboulonneurs» sont en procès mardi 6 et mercredi 7 septembre à Paris. Ce collectif anti-pub est poursuivi pour avoir barbouillé des panneaux publicitaires. Il rappelle les promesses du Grenelle de l’environnement et dénonce la pression des publicitaires.

Erwan Manac'h  • 6 septembre 2011
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Le procès des anti-pub
© Photo : AFP / Franck Fife

Une fois par mois les déboulonneurs parisiens sortent « barbouiller » quelques panneaux publicitaires pour dénoncer «l’invasion publicitaire». Étrangement, le parquet ne les poursuit que lorsqu’ils opèrent sur les Champs-Elysées. Le symbole doit avoir son importance. Mardi 6 et mercredi 7 septembre, des membres du collectif comparaissent par deux fois au palais de justice de Paris pour des barbouillages menés en janvier 2008 et novembre 2009 sur des panneaux de la célèbre avenue.

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Hasard du calendrier, ces deux audiences pourront leur servir de tribune, alors qu’une bagarre législative les oppose au ministère de l’Environnement. Les huit militants jugés ce mardi 6 septembre ont été relaxés une première fois, le 2 avril 2010. À l’époque le collectif créé en 2005 célèbre « un jugement historique » en annonçant un « moratoire sur les opérations de barbouillage » . Il faut dire que les déboulonneurs sont alors invités à la table des négociations du Grenelle 2 de l’environnement pour prendre part aux discussions. Chantal Jouanno, secrétaire d’État à l’Ecologie, a en effet annoncé vouloir « remettre la publicité à sa place » . Mais ils déchantent trois mois plus tard, en juillet 2010, lors de la publication des décrets d’application du Grenelle 2. Les timides avancées concédées par la droite ont été rabotées.

À l’approche de ce nouveau procès, le 13ème pour les déboulonneurs dans l’hexagone, Nicolas Hervé, membre du collectif, ne masquait donc pas son amertume : « Le gouvernement organise des simulacres de débats avec tout le monde autour de la table, mais nous n’avons plus aucun espoir qu’on nous entende. Malheureusement, nous sommes obligés d’en arriver à la désobéissance, car les tribunaux sont les seuls lieux où nous pouvons avoir un débat public serein sans être soumis aux influences de la publicité. »

À l’issue des discussions du Grenelle, qui portaient notamment sur la taille et les emplacements des panneaux publicitaires, les déboulonneurs se satisfaisaient de quelques menues avancées. Or, le 1er juin, le Canard enchaîné révèle que des représentants de J-C Decaux, le principal afficheur publicitaire en France, avait « littéralement tenu [le] stylo pour écrire le décret » d’application, d’après une source ministérielle. « La taille maximale des écrans publicitaires a été fixée à 8m2, contre 2,1m2 dans les premiers décrets et concrètement les textes prévoient d’autoriser des publicités sur des bâches de plusieurs centaines de m2 » , raconte Nicolas Hervé. Les arbitrages définitifs sont désormais attendus pour la fin de l’année.

Quant aux déboulonneurs qui comparaissent cette semaine, ils risquent des amendes symboliques, si les réquisitions s’en tiennent aux proportions réclamées dans les affaires précédentes. Et ils souhaitent utiliser ces procès comme une tribune pour qu’ «au moins, nous ne puissions pas dire que les décisions ont été prises dans l’ombre », espère Nicolas Hervé. **

Ajout mardi 7 septembre à 17h20 :

L’audience prévue mardi après-midi au palais de justice de Paris a été reportée « à la suite de la demande de l’avocat général : Mme Laurence Vichnievky a en effet expliqué que ses engagements politiques au sein d’EELV pourraient laisser supposer un manque d’objectivité », d’après le site des déboulonneurs.

Société
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