L’Intoxication nazie de la jeunesse allemande

Politis  • 27 octobre 2011 abonné·es

Sous sa direction de l’universitaire germaniste Ralph Keysers, les éditions L’Harmattan ont réuni quatre publications parues
à partir de 1934 en Allemagne. La première se présente sous la forme de coloriages pour des enfants de 3 à 5 ans. Il s’agit en réalité de 24 représentations « du » juif dans le discours antisémite, du mendiant au banquier, en passant par le voleur, l’avocat, le journaliste et le peintre. Si l’habit et la fonction sociale changent, les traits du visage sont toujours les mêmes, conformes à la caricature antisémite de l’Allemagne nazie.
Ralph Keysers décrypte ces images en rappelant les effets tragiques de cette propagande et les différentes étapes de la persécution des juifs. Il note que cette instrumentalisation de livres pour enfants a été réalisée « sous le contrôle » des éducateurs et des parents.

Trois autres livres scolaires sont analysés, qui s’adressent à des enfants plus âgés ou à des adolescents, et qui, sous prétexte d’apprentissage de la lecture ou des sciences naturelles, alimentent un antisémitisme obsessionnel. Citons l’exemple de cet instituteur qui glisse une sauterelle dans son pantalon. Les enfants sont pris de fou rire. Il demande le silence : une sauterelle, dit-il, n’est pas un problème quand elle est seule, c’est quand il y en a beaucoup qu’elles deviennent dangereuses. On l’a compris : l’instituteur nazi faisait allusion aux juifs, pas encore aux Auvergnats…

Idées
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