Projet de loi post-Mediator

Le texte de Xavier Bertrand se révèle insatisfaisant.

Ingrid Merckx  • 6 octobre 2011 abonné·es

Aux grands maux les petits remèdes ? Xavier Bertrand, ministre de la Santé, a présenté son projet de loi sur les produits de santé le 27 septembre à l’Assemblée, comme un antidote au scandale du Médiator. Le texte comporte trois volets : transparence des liens d’intérêts (à déclarer sous peine d’amendes), réorganisation de l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps), qui deviendrait l’Agence de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), et contrôle du médicament.
« Une réforme radicale », censée « clarifier les relations entre le monde de la santé et l’industrie », s’est félicité Xavier Bertrand. « Un goût de transparence inabouti », selon le Collectif interassociatif des usagers de la santé (Ciss).

« Très insuffisant » , estime Act Up-Paris, qui précise que la plupart des amendements présentés par l’opposition et des associations de malades ont été refusés, comme « la transparence sur la fixation des prix des médicaments ; la présence de femmes, enfants, personnes âgées, minorités dans les essais cliniques ; la place des malades et des usagers du système de soins dans le dispositif de sécurité du médicament…   »

Pour Irène Frachon, médecin qui a révélé les effets du Mediator, « ce projet de loi ne met pas assez en avant la notion de progrès thérapeutique : on ne devrait autoriser un nouveau médicament que s’il apporte un bénéfice supplémentaire pour le patient » (Libération).

Le financement de la formation des médecins n’est pas abordé, alors qu’il provient surtout de l’industrie et que le ministre avait envisagé deux taxes sur l’industrie devant rapporter 400 millions d’euros. L’article 7 précise « qu’en cas de doute sur l’évaluation des bénéfices et des risques, celui-ci profite au patient ». Mais selon Catherine Lemorton, députée PS, « s’il y a un doute, ce sera encore aux fabricants de prouver l’intérêt de maintenir [le médicament] » (le Monde). Manière de leur laisser la main.

La loi ne fait pas mention du portail Internet sur le médicament promis par le ministre. Pas question non plus de supprimer les visiteurs médicaux mais de les encadrer. La suite mi-octobre au Sénat.

Société Santé
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

Dissolution d’Urgence Palestine : face aux rapporteurs spéciaux de l’ONU, la France botte en touche
Répression 28 novembre 2025

Dissolution d’Urgence Palestine : face aux rapporteurs spéciaux de l’ONU, la France botte en touche

Fin septembre, le gouvernement français a été interpellé par quatre rapporteurs spéciaux de l’ONU sur les atteintes aux droits humains qu’entraînerait la dissolution d’Urgence Palestine. Politis a pu consulter la réponse du gouvernement, qui évacue les questions, arguant que la procédure est toujours en cours.
Par Pauline Migevant
« Je ne veux pas être déportée » : au CRA d’Oissel, la mécanique de l’enfermement
Reportage 27 novembre 2025 abonné·es

« Je ne veux pas être déportée » : au CRA d’Oissel, la mécanique de l’enfermement

Si le centre de rétention administrative (CRA) d’Oissel-sur-Seine, situé en pleine forêt, n’existe pas dans la tête des gens habitant aux alentours, l’enfermement mental et physique est total pour les femmes et les hommes qui y sont retenus. Politis a pu y rentrer et recueillir leurs témoignages.
Par Pauline Migevant
« À Paris, les manifs pour la Palestine doivent être à la hauteur des autres capitales européennes »
La Midinale 26 novembre 2025

« À Paris, les manifs pour la Palestine doivent être à la hauteur des autres capitales européennes »

Anne Tuaillon, présidente de l’association France Palestine Solidarité, est l’invitée de « La Midinale ». Ce samedi 29 novembre, 85 organisations dont LFI, le PS, le PCF, les Écologistes, la CGT et beaucoup d’autres, organisent une grande mobilisation pour la défense des droits du peuple palestinien sur la base du droit international.
Par Pablo Pillaud-Vivien
L’affaire Tran, exemple malheureux d’une justice à deux vitesses
Décryptage 25 novembre 2025

L’affaire Tran, exemple malheureux d’une justice à deux vitesses

112 plaignantes, 1 gynécologue… et 11 ans d’instruction. En 2027, le docteur Tran sera jugé pour de multiples viols et agressions sexuelles. Plaintes ignorées, victimes oubliées, délais rallongés… Cette affaire témoigne de toutes les lacunes de la justice en matière de lutte contre les violences sexistes et sexuelles.
Par Salomé Dionisi