Que va devenir Occupy Wall Street ?

Malgré le démantèlement de leur base, les Indignés affirment que le mouvement continuera. Analyse, depuis New York.

Alexis Buisson  • 24 novembre 2011 abonné·es

La semaine du 14 au 20 novembre a été riche en rebondissements pour Occupy Wall Street. Lundi 14, l’instigateur du mouvement, un groupe anticapitaliste canadien dénommé Adbusters, a indiqué que le mouvement pouvait dès maintenant proclamer sa « victoire » et se retirer pour l’hiver afin d’affiner sa stratégie.

Le 15, la mairie de New York, arguant de préoccupations sanitaires, a fait démanteler le campement de Zuccotti Park, où les Indignés avaient installé leurs quartiers depuis la mi-septembre. Deux jours plus tard, manifestants et policiers s’affrontaient violemment lors d’une journée d’action à travers la ville, la plus importante depuis le début du mouvement (30 000 manifestants). Plus de 250 personnes ont été arrêtées.

Pour un nombre grandissant d’anti-Wall Street, cette nouvelle donne suggère qu’il est temps de changer de méthode. Certains suggèrent de porter le combat dans l’arène politique, en trouvant des alliés au Congrès à l’approche des élections de 2012. Ou encore de multiplier les actions ciblées, comme des journées de fermeture collective des comptes, plutôt que les manifestations, propices aux dérapages.

Enfin, le mouvement est en train de se propager aux étudiants, étranglés par le coût en hausse des études et le remboursement difficile de prêts exorbitants. D’ailleurs, la journée d’action du jeudi 17 novembre a été suivie dans 120 universités à travers le pays, de la prestigieuse Harvard aux plus modestes établissements d’État. « Le mouvement n’est pas mort. Il y a 1 400 groupes “Occupy” dans le pays. On ne peut pas abattre une idée par la force physique. Le mouvement va durer », souligne Kristina Acevedo, une Indignée ­new-yorkaise de la première heure.

Pour déterminer l’avenir d’Occupy Wall Street, certains spécialistes des mouvements sociaux se réfèrent au précédent du Free Speech Movement de Berkeley, qui a vu le jour sur le campus de l’université californienne Berkeley dans les années 1960, après l’arrestation d’un étudiant impliqué dans la levée de fonds pour des groupes de défense des libertés. Cet épisode, mélange de sit-in et de manifestations, est décrit comme le point de départ de l’agitation politique des années 1960 aux États-Unis. Son impact a duré bien au-delà.

« La leçon du mouvement de Berkeley est : ce n’est pas grave si le message du mouvement n’est pas cohérent. Ce qui importe, c’est de toucher un sentiment latent dans chaque être humain, insiste Michael Prell, auteur d’un ouvrage sur l’extrême gauche américaine. Et quand ce mouvement se lève pour défendre les impuissants contre les puissants, les répercussions peuvent se répandre à travers la société pour des décennies. »

Monde
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

Droit international : quand règne la loi du plus fort
Monde 9 juillet 2025 abonné·es

Droit international : quand règne la loi du plus fort

Les principes du droit international restent inscrits dans les traités et les discours. Mais partout dans le monde, ils s’amenuisent face aux logiques de puissance, d’occupation et d’abandon.
Par Maxime Sirvins
Le droit international, outil de progrès ou de domination : des règles à double face
Histoire 9 juillet 2025 abonné·es

Le droit international, outil de progrès ou de domination : des règles à double face

Depuis les traités de Westphalie, le droit international s’est construit comme un champ en apparence neutre et universel. Pourtant, son histoire est marquée par des dynamiques de pouvoir, d’exclusion et d’instrumentalisation politique. Derrière le vernis juridique, le droit international a trop souvent servi les intérêts des puissants.
Par Pierre Jacquemain
La déroute du droit international
Histoire 9 juillet 2025 abonné·es

La déroute du droit international

L’ensemble des normes et des règles qui régissent les relations entre les pays constitue un important référent pour les peuples. Mais cela n’a jamais été la garantie d’une justice irréprochable, ni autre chose qu’un rapport de force, à l’image du virage tyrannique des États-Unis.
Par Denis Sieffert
Yassin al-Haj Saleh : « Le régime syrien est tombé, mais notre révolution n’a pas triomphé »
Entretien 2 juillet 2025 abonné·es

Yassin al-Haj Saleh : « Le régime syrien est tombé, mais notre révolution n’a pas triomphé »

L’intellectuel syrien est une figure de l’opposition au régime des Assad. Il a passé seize ans en prison sous Hafez Al-Assad et a pris part à la révolution en 2011. Il dresse un portrait sans concession des nouveaux hommes forts du gouvernement syrien et esquisse des pistes pour la Syrie de demain.
Par Hugo Lautissier