Les non-titulaires broient du noir

32 000 enseignants précaires ont rassemblé leurs témoignages de galère sur un Forum.

Ingrid Merckx  • 8 décembre 2011 abonné·es

Sujet du message : « Les coups de fil du rectorat ». « Je reprends un complément de service de cinq heures, toujours dans le même collège, ça fera la 4e année comme vacataire. J’essaie de cumuler les emplois dans le public et le privé… J’ai décroché un CDD dans le privé hors contrat. Quand la conseillère ANPE a vu mon parcours, elle a carrément halluciné, avec des yeux ronds comme des billes : “Mais madame, vous n’allez pas errer de contrats précaires en contrats précaires toute votre vie !”. Que lui répondre ?????? »
Intitulé du message : « Contrat AC **** : carrément dégoûtée ! » : « On me propose de remplacer un titulaire en détachement (académie de *****) pour un an à partir de la mi-octobre, sauf qu’on me demande de faire d’abord les 200 heures de vacations… avant de me faire un contrat en bonne et due forme. C’est carrément dégoûtant ! »

Sujet du message : « Qui sait pour son poste ? » : « J’enseigne l’allemand, mais finalement c’est raté pour le poste de 10 heures, le rectorat m’a rappelé et m’a ­proposé autre chose. Pour quelle raison ? Je l’ignore. Bref, sur trois établissements, ce qui me ferait 750 km/semaine pour 11 heures. J’hésite… »
Ces témoignages postés sur le forum interne « Profs précaires » ont été réunis dans un Livre noir de l’Éducation nationale . Cris de lassitude d’enseignants non titulaires qui enchaînent les petits contrats pendant des années et peinent à joindre les deux bouts. Trop de trajet pour aller à leur poste du moment (plus de 30 km), pas de frais de déplacement, pas de congés payés, pas de notification concernant leurs affectations…

Ces « enseignants de seconde zone » seraient 21 200 contractuels, selon le ministère, dont 15 000 CDD et près de 1 000 vacataires (200 heures maximum par an). Leur nombre va croissant puisqu’ils doivent compenser les 66 000 postes supprimés dans l’Éducation nationale depuis 2007. Ils ont adressé une vingtaine de requêtes au ministère. Elles concernent principalement la modification de leur statut.
Ingrid Merckx

Société
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