Un avenir sans austérité

Le rapport annuel du Conseil économique et social environnemental prend le contre-pied de la politique du gouvernement.

Thierry Brun  • 22 décembre 2011 abonné·es

Une fois n’est pas coutume, un rapport annuel sur l’état de la France[^2] insiste sur le fait que le pays n’est pas « dans une situation dramatique » . Notamment parce que le patrimoine « physique et financier de la France et des Français fait plus que compenser la dette cumulée des personnes physiques, des acteurs économiques et des administrations publiques » . Publié récemment par le Conseil économique et social environnemental (Cese), le texte, qui émane du groupe Environnement et nature de cette assemblée constitutionnelle consultative, prend le contre-pied de la politique d’austérité prônée par Nicolas Sarkozy et son gouvernement.

« Peut-on croire à une faillite prochaine de la France ? C’est peu probable, à condition de ne pas commettre certaines erreurs » , souligne le rapport, qui chaque année rend compte de l’évolution de la France en s’appuyant notamment sur les indicateurs de développement durable. « La situation est grave, elle n’est pas ­insurmontable » , ajoute son auteur, André-Jean Guérin, haut fonctionnaire membre de la Fondation pour la nature et l’homme de Nicolas Hulot. L’écologiste estime qu’une « mondialisation insuffisamment encadrée risque de n’être soutenable ni sur le plan social ni sur le plan environnemental » et que la crise « est globale et systémique ».

Pour en sortir, comment ne pas s’interroger sur la répartition des moyens et leur utilisation pour préparer l’avenir ? « Il n’est plus possible de proposer un projet collectif pour la France sans donner l’assurance concrète que le fardeau sera supporté équitablement   », explique André-Jean Guérin, rappelant qu’au cours des « dix dernières années, il y a eu un accroissement plus rapide des revenus des Français les plus aisés » .

Les recommandations du Cese sont suffisamment inhabituelles pour être soulignées. Le rapport invite « délibérément » les pouvoirs publics à « poursuivre une politique familiale équilibrée par l’accès à des services et à des droits sur une base universelle » . Tout le contraire de ce que fait le gouvernement. Il est aussi préconisé d’interrompre « la croissance des inégalités par le haut et [de] lutter contre la pauvreté » , d’obtenir « une coopération des parcours individuels autour de projets collectifs » . Pour ce faire, une « réforme profonde » de la fiscalité et des prélèvements obligatoires est nécessaire.

Le Cese avance plusieurs chantiers immédiats, comme donner « la priorité aux investissements d’avenir » dans de nouvelles filières, par exemple « les énergies de demain » . Pour redonner confiance en l’action publique, il juge souhaitable « un pacte républicain » pour « encourager le vivre-ensemble » . Le gouvernement ferait bien de s’en inspirer, en méditant cette phrase relevée dans le rapport : « Drôle de monde où on gère les enfants et où on rassure les marchés. »

[^2]: Le rapport est disponible sur le site du CESE : www.lecese.fr/content/vote-du-rapport-annuel-sur-letat-de-la-france

Économie
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