Perte du triple A : l’UMP cible Hollande

Vent de panique à l’UMP suite à la dégradation de la note de la France par l’agence de référence sur les marchés. En guise de riposte, une seule cible quasiment rendue responsable de la situation : François Hollande.

Xavier Frison  • 16 janvier 2012
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Perte du triple A : l’UMP cible Hollande
© Photo article : PHILIPPE HUGUEN / AFP Photo Une : JACQUES LOIC / PHOTONONSTOP

Illustration - Perte du triple A : l'UMP cible Hollande

Feu à volonté sur François Hollande. Égrener les communiqués édités par l’UMP depuis la perte du triple A de la France donne une idée assez précise du malaise qui s’est emparé du parti dirigé par Jean-François Copé, à moins de 100 jours de la présidentielle. Alors que Nicolas Sarkozy n’est toujours pas candidat, l’UMP concentre ses critiques sur François Hollande. Au point d’en faire le bouc émissaire du « AA+ » sous lequel la France bat désormais pavillon.

Le 14 janvier, au lendemain de la dégradation par Standard & Poor’s de la note de la France, ce sont pas moins de 11 communiqués qui ont été émis par l’UMP sur le sujet. Benjamin Lancar, Valérie Rosso-Debord, Jean-François Copé himself , plusieurs secrétaires nationaux du parti, tous s’y sont collés, avec à chaque fois une seule obsession : François Hollande.

« S’ils avaient été au pouvoir… »

Exemple type de cette stratégie de feu nourri contre le candidat PS avec le communiqué de Franck Riester, député et secrétaire national de l’UMP, titré : « Dégradation de la note française : Franck Riester salue le courage du Président de la République, à l’opposé de la démagogie de François Hollande. » Suivent quelques lignes rassurantes sur la dégradation de la note française, « pas une bonne nouvelle, mais (…) pas une catastrophe », et l’action du gouvernement « qui se montre plus que jamais déterminé à rétablir l’équilibre de nos finances publiques et à restaurer la compétitivité de notre pays. » Quant au PS et François Hollande, qui se «réjouissent» de cette perte du triple A de façon « indigne » , « s’ils avaient été au pouvoir depuis 2007, [ils] auraient plongé la France dans une crise dramatique. » Bel exercice de critique au conditionnel d’un pouvoir virtuel.

Hollande ou le «triple D»

Jérôme Chartier, député et délégué général de l’UMP, estime lui que « les déclarations de monsieur Hollande sont affligeantes » . Pire, Hollande « dénonce, dénigre et dépense : il vient d’inventer le triple D. » Pour Bruno Beschizza, secrétaire national de l’UMP, « ceux qui critiquent cette situation sont les mêmes qui se sont opposés à toutes les mesures destinées à renforcer la compétitivité et à réduire les déficits. » Un autre secrétaire national du parti, Geoffroy Didier, estime que le candidat socialiste a dévoilé « son vrai visage : celui du cynisme absolu, où tout est bon pour gagner et où les intérêts politiques et particuliers passent avant tout. » Dans un autre communiqué, il tient le programme du PS pour « plus que jamais dangereux et angoissant pour la France. (…) Tous les ingrédients d’un décrochage définitif et absolu ont, d’ores et déjà, été réunis par François Hollande. » Bigre. Pour boucler la boucle, Philippe Juvin, député européen et secrétaire national de l’UMP, invite carrément le candidat PS à « soumette son programme » à Standard and Poor’s. En attendant, selon un récent sondage, la rétrogradation de la note française profite d’abord aux candidats Le Pen, Bayrou et Mélenchon. Qui se verraient bien griller la politesse au PS ou à l’UMP au soir du premier tour.

Politique
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