Le fichier Guéant en route

L’Assemblée a adopté la carte d’identité biométrique.

Christine Tréguier  • 9 février 2012 abonné·es

Doit-on, pour lutter contre quelque 13 000 fraudes à l’identité annuelles, autoriser un fichier généralisé de la population où chacun de nous sera potentiellement identifiable par ses empreintes digitales ? Un bras de fer oppose sénateurs et députés à propos d’un projet de loi instaurant une carte d’identité biométrique et la base de données qui l’accompagne. Voté le 1er février par l’Assemblée nationale, il ne sera définitivement adopté qu’après une dernière navette.

Pour éviter tout détournement policier de la base de données TES (Titres électroniques sécurisés), contenant à terme toute la population, le Sénat veut empêcher que l’on puisse remonter d’une empreinte à un individu (ce qu’on appelle le « lien faible »). Sous l’impulsion du gouvernement, les députés souhaitent à l’inverse que la police judiciaire puisse accéder à TES pour identifier un présumé coupable (ou un corps) à partir de ses empreintes (le « lien fort »).

Claude Guéant a fait amender le texte : interconnexion avec d’autres fichiers interdite, accès sur décision du procureur et limité aux seules infractions à l’identité. On y trouve déjà des curiosités comme « l’atteinte aux services spécialisés de renseignement » ou « la mention d’une fausse adresse aux agents assermentés des transports ». Mais il a refusé le texte de la Commission mixte paritaire qui revenait au lien faible, seul capable de protéger les citoyens de consultations abusives ou d’une extension future de la liste des infractions… Ne reste plus sur la route du fichier Guéant que le Conseil constitutionnel.

Société
Temps de lecture : 1 minute

Pour aller plus loin…

Guyane : l’interminable attente des réfugiés haïtiens
Enquête 11 juin 2025 abonné·es

Guyane : l’interminable attente des réfugiés haïtiens

À Cayenne, des ressortissants d’Haïti fuient l’effondrement de leur pays. Face à des délais de traitement de leur dossier démesurés, leurs demandes d’asile et leurs vies sont suspendues à une administration débordée.
Par Tristan Dereuddre
Claire Hédon : « Le droit d’asile n’est pas respecté »
Entretien 11 juin 2025 abonné·es

Claire Hédon : « Le droit d’asile n’est pas respecté »

En Guyane, les demandeurs d’asile attendent jusqu’à deux ans pour accéder à un simple rendez-vous en préfecture, légalement censé être obtenu sous trois jours. La Défenseure des droits, Claire Hédon, dénonce des atteintes aux droits fondamentaux et appelle les acteurs locaux à saisir son institution.
Par Tristan Dereuddre
« Les idées d’extrême droite arrivent à prendre sur des territoires de la Résistance »
Entretien 10 juin 2025 abonné·es

« Les idées d’extrême droite arrivent à prendre sur des territoires de la Résistance »

Alors que des groupuscules d’extrême droite annoncent un rassemblement discret à Châteaubriant, le collectif Réveillons la Résistance organise une contre-mobilisation citoyenne le 14 juin. Entretien avec une de ses militantes.
Par Juliette Heinzlef
Contre-manifestation antifasciste à Montargis : « Si jamais on se tait, tout est perdu »
Reportage 10 juin 2025 abonné·es

Contre-manifestation antifasciste à Montargis : « Si jamais on se tait, tout est perdu »

À Montargis, petite ville du Loiret, le calme habituel a laissé place à un front populaire. Le 9 juin 2025, un cortège de 4 000 personnes a défilé contre la tenue d’un meeting d’extrême droite rassemblant Marine Le Pen, Jordan Bardella, Viktor Orbán et Matteo Salvini.
Par Thomas Lefèvre