Les communes qui construisent

Certaines agglomérations comme Rennes, Nice et Montpellier multiplient les logements neufs.

Elodie Corvée  • 2 février 2012 abonné·es

Le 17e rapport annuel de la Fondation Abbé-Pierre dénonce la philosophie du gouvernement en matière de logement , rappelant que les mécanismes de régulation supposés du marché sont en grande partie responsables de la flambée des prix de l’immobilier ces dernières années.

Cette situation met en difficulté les ménages qui ont vu, en parallèle, leurs salaires baisser ou stagner. « La politique du logement apparaît très insuffisante et aveugle à la réalité que vivent des millions de ménages » , conclut le rapport. Pour enrayer la crise, une solution : construire. Depuis 2005, les collectivités disposent de moyens pour conduire des programmes locaux de l’habitat (PLH). La FAP salue les efforts de bons élèves tels que Rennes, Montpellier et Nice.

- -10 millions de personnes sont touchées par la crise du logement, soit 15 % de la population. - -Plus de 3,6 millions d’entre elles sont mal logées. --685 116 personnes sont privées de domicile personnel. - -2 778 000 sont logées dans des conditions très difficiles (privation de confort, surpeuplement accentué). - -172 847 personnes occupent un logement sans autorisation. - -729 636 propriétaires se trouvent dans une copropriété en difficulté ou dégradée. - -1 252 000 locataires connaissent des impayés de loyer. - -3 224 000 personnes vivent en suroccupation. - -240 599 personnes sont en hébergement résigné chez des tiers. - -1 220 000 de ménages sont en attente d’un logement social. - -3 800 000 ménages sont en situation de précarité énergétique. - -92 233 ménages occupent un logement dont ils doivent être expulsés.
### Rennes : tout sur la construction

Rennes Métropole fut l’une des premières à prendre la question du mal-logement à bras-le-corps. À l’aube des années 2000, l’agglomération a connu un boom démographique, le troisième après Toulouse et Montpellier. « Notre objectif était de doubler notre production. Nous sommes passés de 2 200 à 4 500 nouveaux logements par an entre 2000 et 2005 » , explique Guy Potin, vice-président délégué à l’habitat. La moitié consiste en des logements aidés, sociaux ou intermédiaires. « Nous considérons le logement comme un investissement. On met plus d’argent pour pouvoir produire plus, moins cher, et faire baisser les prix de l’immobilier. »

Il a d’abord fallu convaincre les communes de l’agglomération de signer le PLH. Ce programme « n’est pas à la carte. Sinon, elles ne reçoivent aucune aide de notre part » . Guy Potin reconnaît la difficulté d’apporter des aides financières à toutes, notamment en faveur des bénéficiaires de logements sociaux, face au peu d’engagement de l’État. « On essaye au mieux de compenser, mais on est à la limite de ce que l’on peut faire. »

Montpellier : étendre la ville

Les différentes communes de Montpellier Agglomération adoptent progressivement son PLH. Celui-ci a débuté en 2004, quand l’explosion des demandes a fait réagir les élus. Objectif : créer 5 000 nouveaux logements par an, dont 30 % sociaux et 20 % à prix abordable. Jean-Pierre Moure, ­président de l’agglomération, explique que deux éléments ont prévalu dans la mise en place du PLH : concevoir les réseaux d’assainissement et mettre en place les équipements alentour nécessaires (transports, structures culturelles et sportives…). Résultats : l’agglomération est passée de 2 800 nouveaux logements par an entre 1999 et 2003 à 3 900 entre 2004 et 2007 et 4 800 entre 2007 et 2010, selon le rapport de la FAP.
Un deuxième PLH est en préparation : son objectif sera d’intégrer plus de logements sociaux dans toutes les opérations immobilières à partir d’une certaine taille, ces derniers ayant peine à dépasser les 20 % fixés par la loi SRU.

Nice-Côte d’Azur : plusieurs leviers

Nice-Côte d’Azur a décidé plus récemment de s’approprier l’enjeu du logement en intégrant « tous les outils réglementaires qui n’avaient jamais été mobilisés jusqu’à ­présent » , explique Dominique Estrosi-Sassone, présidente de Côte d’Azur Habitat, adjointe au maire et déléguée au logement.

Trois leviers majeurs ont été utilisés : la « servitude de mixité sociale » , permettant de créer exclusivement du logement social sur certains sites, l’accession sociale à la propriété, pour permettre à ceux qui n’y parvenaient pas de devenir propriétaires, et le pourcentage de logements sociaux, obligeant tout promoteur à réaliser 25 à 30 % de logements sociaux. En complément du budget chiffré à 8 millions d’euros, des aides sont apportées par le conseil général, l’État et la ville de Nice, l’une des plus riches de France mais autrefois mauvaise élève en matière de logement social. La pression démographique ne lui a pas laissé le choix.

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