« On est rentables ! »

Patrick Auzanneau dénonce la logique financière d’ArcelorMittal.

Thierry Brun  • 23 février 2012 abonné·es

La direction d’ArcelorMittal, qui a décidé récemment la fermeture définitive de hauts fourneaux à Liège (Belgique) et à Madrid, assure que le site de Florange, en Lorraine, est mis en veille temporaire en raison d’une demande insuffisante. L’intersyndicale CGT-CFDT-FO-CGC craint une fermeture définitive et les salariés occupent le site depuis lundi.

Pourquoi contestez-vous la décision d’ArcelorMittal ?

Patrick Auzanneau : La direction affirme que nous n’avons pas assez de commandes pour faire tourner les hauts fourneaux en Europe. Le groupe a décidé de faire tourner les sites les plus performants et les plus rentables, c’est-à-dire des sites côtiers comme celui de Dunkerque, qui tourne à plein régime avec des salariés et des intérimaires qui font des heures supplémentaires. Florange ne ­faisait pas de pertes avant d’être mis à l’arrêt, mais les résultats financiers n’étaient pas à la hauteur de ce qu’ArcelorMittal souhaitait.

Pourtant, le site est exportateur…

On fournit les pays limitrophes comme l’Allemagne, la Belgique et les Pays-Bas. Nous sommes sur un territoire proche de nos clients. Certes, il faut faire venir le ­minerai, le charbon et le coke… Mais on est rentables ! ArcelorMittal a fait 1,7 milliard de dollars de bénéfices en 2011 et estime que ce n’est pas assez. Toujours la même logique financière, qui menace 3 500 emplois. Avec les intérimaires et la sous-traitance, 5 000 emplois sont menacés. Il s’agit du dernier gros site industriel de la Lorraine. Pourtant, même si la conjoncture n’est pas suffisamment favorable, il y a assez de commandes pour faire tourner les installations de tous les sites.

Vous craignez néanmoins une fermeture définitive…

Nos craintes sont d’autant plus fondées que la direction de Florange a annoncé que, si on ne tournait pas au deuxième trimestre 2012, l’avenir était très compromis, notamment parce que les compétences s’en vont et que le savoir-faire ne s’acquiert pas en six mois mais sur plusieurs années. Le fait d’arrêter nos installations et de faire venir de l’acier d’Asie entraînera une activité plus polluante que la nôtre. On craint même que le projet européen de captage de CO2 ne soit abandonné. On parle beaucoup d’écologie, mais les gouvernements ne font rien face à ArcelorMittal…

Économie
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

Zucman light : « Bolloré ou Arnault pourraient très bien être exonérés de cet impôt »
Entretien 30 octobre 2025

Zucman light : « Bolloré ou Arnault pourraient très bien être exonérés de cet impôt »

Maître de conférences en économie à l’université de Bordeaux et coresponsable du département d’économie de l’Institut La Boétie, Éric Berr pointe la nécessité de la taxe Zucman et les limites de la version allégée par le Parti socialiste.
Par Lucas Sarafian
Taxe Zucman : le périlleux calcul des socialistes
Budget 30 octobre 2025 abonné·es

Taxe Zucman : le périlleux calcul des socialistes

Jouant la carte de la responsabilité, le PS rêve de faire adopter une mesure alternative à la taxe Zucman. Au risque de s’isoler du reste de la gauche et de perdre le rapport de force face au gouvernement.
Par Lucas Sarafian
Budget : « Le PS est en train de commettre une faute politique très grave »
Entretien 22 octobre 2025 abonné·es

Budget : « Le PS est en train de commettre une faute politique très grave »

Depuis lundi matin en commission, Claire Lejeune, députée insoumise de la septième circonscription de l’Essonne débat du volet recettes du projet de loi de finances 2026. Sans réussir à obtenir d’avancées majeures, alors que les débats en séance commencent vendredi.
Par Pierre Jequier-Zalc
À Paris, la Confédération paysanne en première ligne contre le Mercosur
Reportage 15 octobre 2025 abonné·es

À Paris, la Confédération paysanne en première ligne contre le Mercosur

Plusieurs centaines de personnes ont manifesté le 14 octobre contre le traité de libre-échange UE-Mercosur, à Paris, à l’appel du syndicat. Un texte qui exercerait une concurrence déloyale pour les agriculteurs français et menacerait la santé et le climat.
Par Vanina Delmas