Percée du Front de gauche

Michel Soudais  • 2 février 2012
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Illustration - Percée du Front de gauche

À quatre-vingts jours du premier tour de l’élection présidentielle, le Front de gauche s’est installé comme un acteur incontournable de la campagne. « L’autre gauche que je représente a enfin acquis une vraie visibilité » , se félicitait la semaine dernière Jean-Luc Mélenchon. Bon débatteur, l’homme suscite la curiosité à chacune de ses apparitions sur le petit écran. Sur France 2, où il était l’invité de « Des paroles et des actes », le 12 janvier, il a crevé l’écran. Depuis,
ses meetings enregistrent des records de participation.

« Du jamais vu depuis les années 1980 » , se réjouit le communiste Olivier Dartigolles. Et les sondages suivent. Lentement, certes. Mais leur progression est indéniable.

Après avoir longtemps oscillé autour de 5 %, les intentions
de vote pour l’ancien ministre socialiste flirtent avec les 10 %.

De quoi regonfler le moral des militants et conforter la dynamique d’une campagne qui attire désormais des militants syndicalistes et associatifs, et des citoyens non encartés,
à l’image de ce qui s’était produit lors de la campagne du « non » au Traité constitutionnel européen. Car, derrière l’apparence médiatique d’un Mélenchon à la tête d’une équipe sans stars, la campagne électorale se joue aussi sur les marchés et dans les entreprises.

Cette percée du Front de gauche inquiète toutefois les caciques du Parti socialiste, qui, régulièrement depuis le printemps dernier, invoquent le souvenir du 21 avril et les risques d’une dispersion de la gauche. Sans succès jusqu’ici. D’ailleurs, souligne-t-on, à l’Usine des Lilas, où Jean-Luc Mélenchon a établi son QG de campagne, si François Hollande a désigné « le monde de la finance » comme son « adversaire » , et annoncé au Bourget une réforme bancaire avant les élections législatives, c’est en raison du poids du Front de gauche. Ce qui ne signifie pas que les socialistes aient renoncé à jouer du ressort du « vote utile » pour minimiser le score électoral d’un concurrent devenu encombrant.

Temps de lecture : 2 minutes
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