Détournement de chômeurs

Le groupe de protection sociale Malakoff Médéric a envoyé un étrange courrier à des demandeurs d’emploi. Protestations.

Thierry Brun  • 1 mars 2012 abonné·es

Un courrier personnalisé adressé début février à des demandeurs d’emploi de Paris, émanant du groupe de protection sociale et mutualiste Malakoff Médéric, a suscité les protestations de collectifs de ­précaires et de chômeurs, qui dénoncent un « détournement de fichier totalement illégal » .

Le SNU Pôle emploi a même interpellé la direction générale de Pôle emploi, estimant « contraire à toute déontologie » que des informations sur la situation personnelle des chômeurs « soient divulguées à des tiers » . Le syndicat s’étonne aussi que Pôle emploi « soit mêlé à une information qui, sous prétexte d’aide sociale, pourrait avoir des intentions commerciales » .

Malakoff Médéric, dont le délégué général est Guillaume Sarkozy, et l’association Arcus, « spécialiste de l’accompagnement à la reprise d’activité et en bilans professionnels » , ont fait assaut d’ambiguïté dans leur lettre aux chômeurs. Intitulé « Parlons de votre situation personnelle et de votre santé » , le document précise la situation du chômeur concerné et propose un accompagnement « complémentaire à celui de Pôle emploi » dans le cadre de l’action sociale de Malakoff Médéric.

Interrogé par Politis, le groupe, qui est l’un des gestionnaires de la complémentaire retraite (Agirc et Arrco), explique utiliser le fichier de l’Arrco dans lequel sont inscrits les chômeurs dont Malakoff Médéric « gère les points retraite des dispositifs d’aide et d’accompagnement » , et ce « depuis dix ans, au titre de son action sociale, et conformément aux orientations fixées par l’Agirc-Arrco » .

Les chômeurs sont aussi invités à suivre les conseils de Malakoff Médéric et d’Arcus sur les « aides à la complémentaire santé »  (ACS), alors que le même Malakoff Médéric vend des assurances complémentaires santé, notamment aux personnes éligibles à l’ACS. De son côté, l’association « partenaire » mêle fonds publics et privés, dont ceux de… Malakoff Médéric et du numéro un mondial de l’intérim, le groupe Adecco.

Les collectifs de chômeurs voient là une confusion « à des fins d’intérêt privé, au nom de l’aide aux chômeurs… » , et comptent saisir la Cnil. Contactée, la direction de Pôle emploi estime que « des formulations laissent entendre que l’accompagnement est adossé à Pôle emploi » et demande que « les courriers de Malakoff Médéric lèvent les doutes » .

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