DVD : Gianfranco Rosi

Christophe Kantcheff  • 21 juin 2012
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À la frontière américano-mexicaine. Aux portes de Ciudad Juárez. Dans un appartement moderne. Impersonnel. Un motel ordinaire. Chambre 164. Face à une glace, un homme se drape d’un voile pour masquer son visage. Préambule à un long moment de confession devant la caméra de Gianfranco Rosi : vingt ans au service du narcotrafic, avec ses mains pour « torturer et tuer des gens ». Il est un sicario, un tueur à gages, payé pour tuer. Avec précision et sans états d’âme. Formé au meurtre depuis l’adolescence.

À l’appui de ses confessions, livrant l’organisation des narcotrafiquants, avec la complicité de l’État, il dessine, illustre son discours de croquis. Le trait est net. Sans bavures. Au diapason d’une existence. Rosi n’ajoute ni banc-titre ni commentaire, sinon au générique de fin pour dire que son personnage, en rupture avec la mafia mexicaine, est en cavale depuis 2007. Un documentaire brutal et du cinéma direct, sans fioritures, marque de fabrique de Gianfranco Rosi, comme en témoignent encore les deux autres films du cinéaste italien, réalisés avant El Sicario (2010) et rassemblés dans ce coffret : Sous le niveau de la mer (2008), concentré sur quelques marginaux retirés dans le désert californien, refusant la société de consommation, et le Passeur (1993), en noir et blanc, dressant le portrait de l’univers hindou et son rapport à l’eau, à travers un homme calé dans sa barque, flottant au milieu du Gange.

Trois films de Gianfranco Rosi , DVD aux éditions Montparnasse.
Cinéma
Temps de lecture : 1 minute
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