Arctique : La glace peau de chagrin

La surface de la banquise, autour du pôle Nord, s’est contractée comme jamais cet été sous l’effet du réchauffement.

Patrick Piro  • 4 octobre 2012 abonné·es

La banquise estivale de l’Arctique devrait être le premier grand écosystème sacrifié au dérèglement climatique. Avec l’accélération de sa fonte, depuis cinq ans, ce funeste événement pourrait intervenir non plus à la fin du siècle (estimations précédentes) mais vers 2050, voire avant. Et les chiffres, cette année, sont très préoccupants : mi-septembre, il ne restait que 3,42 millions de km2 de glace flottante, soit la moitié de la moyenne 1979-2000 (contre 15 millions de km2 en hiver) et 70 000 km2 de moins qu’en 2007, ancien record historique. Plus troublant encore, au Groenland : mi-juillet, 97 % de sa calotte glaciaire était partiellement dégelée, contre 40 % en année « normale »… Des manifestations exceptionnelles qui laissent les chercheurs perplexes : accélération spectaculaire ou pic ponctuel ?

Depuis des années, les énergéticiens fantasment à l’idée d’un accès facilité à l’Arctique, dont le sous-sol recèlerait 13 % des réserves pétrolières et 30 % des réserves gazières non découvertes. Cependant, les projets phares marquent le pas face aux difficultés techniques et aux coûts exorbitants. Shell a encore retardé ses forages pétroliers au nord de l’Alaska, après avoir investi 4,5 milliards de dollars. En Russie, Gazprom repousse aussi l’exploitation du champ de Prirazlomnoye en mer de Barents, où il a annoncé fin août repousser sine die la décision d’investir dans l’exploitation de l’énorme gisement gazier de Chtokman. Pour autant, rien n’indique que les énergéticiens capitulent. Ainsi, si Total vient de se prononcer contre les forages pétroliers en Arctique, jugés trop risqués… pour l’image de l’entreprise en cas de pépin, il n’en va pas de même pour l’exploration gazière, dont les fuites sont jugées plus faciles à circonscrire.

Écologie
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

« La mer nous remet à notre place : un existant qui ne voit pas tout »
Entretien 14 novembre 2025 abonné·es

« La mer nous remet à notre place : un existant qui ne voit pas tout »

Philosophe et autrice de L’Être et la mer, Corine Pelluchon appelle à regarder l’humanité depuis l’océan, pour repenser sa place, appréhender sa vulnérabilité et ouvrir à un imaginaire de la solidarité.
Par Caroline Baude et Hugo Boursier
COP 30 :  « En tant qu’activistes, on est presque obligées de trouver des manières originales de militer »
Entretien 14 novembre 2025 abonné·es

COP 30 : « En tant qu’activistes, on est presque obligées de trouver des manières originales de militer »

Après plus d’un mois de navigation, cinq activistes pour le climat sont arrivées à la COP 30, à Belem, à bord d’un voilier. Objectif : faire converger les luttes climatiques, antiracistes et féministes. Entretien.
Par Kamélia Ouaïssa
À Belém, un projet d’égouts symbole du racisme environnemental
Reportage 10 novembre 2025 abonné·es

À Belém, un projet d’égouts symbole du racisme environnemental

En prévision de la COP 30, des travaux d’assainissement sont menés à la Doca, un quartier aisé de Belém, au détriment de Vila da Barca, bien plus défavorisé. La population, rompue à la résistance, dénonce du racisme environnemental.
Par Giovanni Simone et Anne Paq
Le paradoxe brésilien : du pétrole pour financer la transition
Reportage 10 novembre 2025 abonné·es

Le paradoxe brésilien : du pétrole pour financer la transition

Le gouvernement autorise de nouveaux forages au large de l’Amapá, l’une des régions les plus pauvres du pays. Un pari économique qui contraste avec l’urgence des enjeux climatiques et représente une menace directe pour la Guyane voisine.
Par Tristan Dereuddre