La Révolution, une idée neuve

Olivier Doubre  • 25 octobre 2012
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Dans un long entretien qui vient de paraître [^2], le philosophe Jacques Rancière définit la révolution comme « le moment où tout un ordre du visible, du pensable, du possible se trouve brutalement congédié et remplacé ». Ces dernières décennies, l’idée de révolution semblait désuète, pour ne pas dire impensable, l’ordre du « pensable » et même du « possible » paraissant immuablement se confondre avec celui du capitalisme néolibéral mondialisé. En conséquence, les travaux sur la Révolution française étaient devenus extrêmement rares.

La publication de l’ouvrage d’Éric Hazan retraçant l’histoire de la Grande Révolution de 1789 – qui coïncide avec la sortie de plusieurs autres (voir l’entretien ci-contre) – est un signe parmi d’autres du regain d’intérêt pour la notion de révolution, voire du retour en grâce d’un désir de rupture radicale face à un monde toujours plus inégalitaire. Regain d’intérêt intellectuel, d’abord, pour 1789. Mais aussi, retour en grâce de l’idée même de révolution. Nombre de leaders latino-américains au pouvoir l’appellent de leurs vœux, comme Hugo Chávez et sa révolution « bolivarienne », ou Rafael Correa, en Équateur, qui a mis le terme en exergue de son programme « pour la dignité ». C’est également le cas dans le monde arabe, pour la « dignité » encore, où plusieurs peuples ont, ces derniers mois, accompli leur révolution et chassé leurs dictateurs. Enfin, en Europe, le mot ne semble plus tabou. Depuis 1989 et son apparente disparition, cette vieille idée serait-elle en train de renaître ? Ou de faire peau neuve ?

[^2]: La Méthode de l’égalité , entretien avec Laurent Jeanpierre et Dork Zabunyan, Jacques Rancière, Bayard, 400 p., 21 euros.

Publié dans le dossier
La Révolution : une idée neuve
Temps de lecture : 2 minutes
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