FSM 2013 : « Nous sommes venus retrouver l’inspiration en Tunisie ! »

Le forum social mondial prend une giclée d’énergie

Patrick Piro  • 27 mars 2013
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FSM 2013 : « Nous sommes venus retrouver l’inspiration en Tunisie ! »

Beaux joueurs, Moema Miranda et Chico Whitaker, deux historiques piliers brésiliens du forum social mondial (FSM) : « Nous sommes venus en Tunisie avec le ferme espoir de retrouver l’inspiration chez nous ! », lancent-ils, invités à s’exprimer la veille du FSM devant la délégation du Crid, collectif d’associations de solidarité françaises, débarquée à Tunis avec 400 personnes, dont des dizaines de partenaires des pays du Sud.

L’événement, né en 2001 à Porto Alegre, a puisé toutes ces années une bonne partie de son énergie dans son pays d’origine, et il y dispose d’une « invitation permanente », reconnaît Moema en souriant. Oui mais voilà, les pionniers sont un peu fatigués, les nouveaux régimes « de gauche » d’Amérique du Sud ne sont plus tout à fait nouveaux ni aussi progressistes qu’espéré un jour, décevant les attentes des mouvements sociaux qui les ont « faits » en grande partie depuis la fin des années 1990.

« Qui est déjà venu au FSM ? », lance Chico Whitaker, sûr de la réponse. Perdu : un petit tiers seulement. Le vieux lutteur trouve là de quoi renforce son affabilité naturelle. « Tout les ans, on nous dit que le FSM s’essouffle. Je vais croire qu’il est atteint d’asthme chronique ! ». Un membre du conseil international du forum confiait, le matin même, un bruit montant : le rassemblement mondial vivrait sa dernière édition à Tunis. Ce soir, il a la banane : trois pays sont « presque » candidats pour le prochain (2015?), le Canada, le Mexique et l’Inde. Meena Menon, militante du sous-continent, trépigne intérieurement, à la table des orateurs. « Nous voulons relancer la dynamique du FSM de Mumbai (2004), nous sommes en train d’organiser des réunions nationales, également à l’échelle de l’Asie du Sud, et aussi de l’Asie… Et peut-être plus, souffle-t-elle. Je ne devrais pas m’avancer autant, je risque de me faire tirer les oreilles par mes collègues indiens ! »

À sa droite, Mouhieddine Cherbib, du comité d’organisation tunisien, à l’air de se faire tout petit, demandant par avance les excuses des participants pour les ratés prévisibles. D’un coup, l’ombre du défi semble s’appesantir sur lui. « Qui aurait dit, quand nous avons lancé l’idée de tenir le FSM, il y a deux ans, dans la chaleur de la geste de la révolution, que nous en serions rendu ici ? C’est le premier événement de ce genre dans le monde arabe, et dans un pays qui n’a pas encore achevé sa révolution… »

Il a probablement été rassuré le 26 mars au matin, jour d’ouverture du forum, lors de « l’assemblée des femmes ». L’amphi de la fac de droit de l’université El Manar, site du FSM, est bondé et en surchauffe. Les copines et les copains mexicains entonnent « el pueblo, unido… » en boucle. L’animatrice demande « un peu de calme, vous pourrez crier vos slogans tout votre saoul pendant une semaine, laissez je vous en prie les oratrices s’exprimer, certaines viennent de très loin pour nous parler ! »

Ce jour-là, près de 35 000 personnes étaient déjà inscrites au forum « de la dignité » comme il a été baptisé, venues de 4 500 organisations de 127 pays. Ce n’est pas encore l’heure de dormir, dans l’équipe organisatrice, mais c’est sûr, « le FSM se tiendra bien à Tunis », rigole (désormais) l’un de ses membres.

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