Munch : une CFDT combattante …

… comme je l’ai aimée.

Bernard Langlois  • 10 mai 2013
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« Les Munch, soudés à jamais. » Beau titre, pour un beau film de 50mn [^2]

Denis Robert (le réalisateur) et France 3 (le diffuseur) m’ont fait parvenir ce documentaire que la chaîne diffuse ce soir, 10 mai. Malheureusement à cette heure tardive [^3] où les gens normaux sont au lit !


Illustration - Munch : une CFDT combattante …


L’originalité de cette œuvre de mémoire et de combat est qu’elle organise, par le truchement de la caméra, un aller-retour permanent entre la grève des Munch, dans les années 80 (ces ouvriers métallurgistes lorrains qui ont occupés leur usine pendant 947 jours) et aujourd’hui, trente ans après, où Robert les a retrouvés et les confronte à leur passé.

Aller-retour rendu possible grâce à des images de l’époque, de la lutte elle-même, filmée de l’intérieur et de bout en bout par l’un de ses meneurs, le jeune (alors) syndicaliste Norbert Klein. Précieux témoignage, qui tient en douze cassettes VHS, intelligemment exploitées par un auteur dont on sait, depuis son long bras de fer victorieux contre Clearstream, qu’il a la Lorraine au cœur.

Alors voilà. Je ne détaille pas, j’espère que vous regarderez, en direct ou en différé.

Juste vous dire ce qui m’a frappé : cette lutte emblématique, qui ouvre la longue séquence du démantèlement de la sidérurgie lorraine des années 80 (années Mitterrand …) est, comme huit ans plus tôt celle des Lip, autre lutte emblématique qui annonce la fin de l’industrie horlogère bisontine, menée principalement par la CFDT [^4].

Ça surprendra peut-être ceux qui sont trop jeunes pour avoir connu cette confédération syndicale aujourd’hui ralliée à la collaboration de classes [^5] ; mais elle fut cela, avant d’être « recentrée » par Edmond Maire : un foyer de contestation, d’agitation, d’imagination mu par le mot d’ordre (qui était aussi celui du PSU) d’autogestion ouvrière.

La CFDT que j’ai aimée, et qui n’est plus.

Du moins au plan national, confédéral : car la belle grande gueule d’Edouard Martin, le meneur cédétiste de la grève d’ArcelorMittal est là pour prouver qu’à la base, elle n’a pas complètement disparu.

ArcelorMittal, à Florange, à quelques kilomètres seulement de Hombourg Haut, où était située l’usine Munch aujourd’hui démolie : ces deux luttes perdues, mais où se révèlent les hommes de cœur, que Denis Robert ne manque pas de relier, bien sûr.

Comme un pont sur les deux rives d’une même rivière : celle de la sueur, de la peine, de la colère et des larmes des travailleurs.

[^2]: Coproduit par Citizen films et France Télévisions.

[^3]: FR3, 00H15 …

[^4]: En d’autres endroits, la CGT était en pointe, ce qui surprend moins, je pense notamment à la belle aventure de la radio libre Lorraine Cœur d’acier , de mon confrère et ami Marcel Trillat.

[^5]: Par Chérèque fils (aka « le Schtroumpf jaune ») après que Chérèque-père a eu transformé la Lorraine en parc d’attraction …

Et signés, les commentaires, comme d'hab'.
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