Partager le congé parental

La ministre du Droit des femmes présente un projet de loi pour lutter contre les inégalités de carrières.

Ingrid Merckx  • 3 juillet 2013 abonné·es

Lutter contre le décrochage salarial. C’est ce qui a motivé la ministre du Droit des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, dans sa réforme du congé parental. Celle-ci constitue une des mesures phares de son projet de loi pour l’égalité entre les femmes et les hommes présenté le 3 juillet en conseil des ministres. Son objectif : passer de 18 000 pères en congé parental à 100 000 et décourager la prise de congés longs, autorisés jusqu’à six mois pour le premier enfant, et jusqu’à trois ans ensuite. Pour ce faire, le projet de loi propose d’autoriser, sur le congé long uniquement, l’un des deux parents à prendre 2 ans et demi et le second, le père dans la majorité des cas, les six derniers mois. Si le but était de favoriser le retour rapide des femmes au travail – une absence d’un an se solderait par un décrochage salarial de 10 % –, pourquoi ne pas avoir réduit le congé parental à une période plus courte, mieux indemnisée ? Pour une raison simple, a reconnu la ministre sur France Inter le 2 juillet : le manque de places en crèches. Créé dans les années 1980, le congé parental vient pallier l’absence de solutions d’accueil pour le jeune enfant. De plus, si le montant de l’allocation était plus important, les femmes seraient moins incitées à retravailler. Résultat : cette réforme va peiner à faire valoir son impact sur les inégalités de carrière.

Reste son volet déstigmatisant pour les hommes candidats au congé parental. Étant donné le montant du complément pour libre choix d’activité (CLCA) – 380 euros environ –, le congé parental long ne restera cependant envisageable que pour les foyers aisés (qui peuvent vivre trois ans avec un seul salaire) ou précaires – où le montant des aides équivaut à un salaire englouti par un mode de garde. Pour nombre d’associations familiales, il aurait mieux valu favoriser un congé mieux partagé et un meilleur encadrement des conditions de départ d’un salarié (pour l’employeur) et de retour. Autres dispositions : la création d’une garantie publique de recouvrement des pensions alimentaires. L’allocation de soutien familial versée par la CAF est augmentée, cependant que l’institution ira réclamer son dû. Aujourd’hui, 40 % des pensions ne sont pas versées, et un foyer monoparental sur trois vit sous le seuil de pauvreté. Concernant les sanctions contre les entreprises qui ne respectent pas l’égalité salariale et la parité, la ministre est attendue au tournant.

Société
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

« Les idées d’extrême droite arrivent à prendre sur des territoires de la Résistance »
Entretien 10 juin 2025 abonné·es

« Les idées d’extrême droite arrivent à prendre sur des territoires de la Résistance »

Alors que des groupuscules d’extrême droite annoncent un rassemblement discret à Châteaubriant, le collectif Réveillons la Résistance organise une contre-mobilisation citoyenne le 14 juin. Entretien avec une de ses militantes.
Par Juliette Heinzlef
Contre-manifestation antifasciste à Montargis : « Si jamais on se tait, tout est perdu »
Reportage 10 juin 2025 abonné·es

Contre-manifestation antifasciste à Montargis : « Si jamais on se tait, tout est perdu »

À Montargis, petite ville du Loiret, le calme habituel a laissé place à un front populaire. Le 9 juin 2025, un cortège de 4 000 personnes a défilé contre la tenue d’un meeting d’extrême droite rassemblant Marine Le Pen, Jordan Bardella, Viktor Orbán et Matteo Salvini.
Par Thomas Lefèvre
Mineurs non accompagnés : après la répression policière, la répression administrative
Justice 7 juin 2025

Mineurs non accompagnés : après la répression policière, la répression administrative

Après l’expulsion de la Gaîté lyrique en mars, 23 jeunes ont reçu une obligation de quitter le territoire français (OQTF). Une répression vivement dénoncée par le collectif des jeunes du parc de Belleville. Vendredi 6 juin avaient lieu les premières audiences au tribunal administratif.
Par Élise Leclercq
Collectif des jeunes de Belleville : deux personnes interpellées suite à une plainte de Némésis
Enquête 7 juin 2025 abonné·es

Collectif des jeunes de Belleville : deux personnes interpellées suite à une plainte de Némésis

Deux hommes ont été placés en garde à vue après des plaintes du collectif fémonationaliste, venues perturber un meeting organisé contre les OQTF. Dix jours après les faits, les témoins dénoncent la coopération entre les militantes d’extrême droite et la police lors des interpellations.
Par Pauline Migevant