Femmes pachtounes : des êtres de second rang
Des régions reculées du Pakistan, Sarah Caron rapporte les conditions de vie infernales des femmes, soumises aux traditions ancestrales.

Quelque part à l’écart du monde, dans les régions tribales du Pakistan. Où sévissent les talibans, les traditions culturelles du Pachtounwali, régies par des codes d’honneur, hautement estimés dans la société, associés à l’extrémisme religieux. Dans un territoire fermé aux journalistes, Sarah Caron est parvenue à pénétrer l’intimité des femmes pachtounes ; une intimité très peu documentée, dont le quotidien est un cauchemar.
Bannies, maltraitées, enfermées dans les servitudes, ces femmes sont résignées à subir toutes les discriminations et les violences, au nom précisément des traditions, d’un droit tribal régnant depuis des siècles. Malgré les promesses, même sous le gouvernement de Benazir Bhutto, rien n’a été fait pour changer leurs conditions. Premières levées dans les modestes intérieurs, et dernières nourries, dévolues aux pires besognes. Ça brique, cuisine, nourrit. Écartées de toute éducation, nombre de filles sont mariées dès l’âge de 12 ou 13 ans, parfois connaissant leur époux au dernier moment, après une longue cérémonie. Gare à elles si elles n’accouchent pas d’un garçon. Celui-ci est fêté, adulé. S’il s’agit d’une fillette, elle est ignorée, méprisée. Des années de mariages consanguins, rapporte la photographe, ont entraîné un taux élevé de malformations dans les villages. Beaucoup croient que ces malformations sont le résultat de sorts jetés par des mauvais esprits.
Participant des plus intéressants reportages de Visa pour l’image, Sarah Caron fixe peu de gros plans. Elle cadre des histoires familiales, personnelles, sans spectacularisation. Ce sont des images simples. Où l’information l’emporte sur l’esthétique. Parmi les images, l’une d’elles donne la mesure des conditions dans lesquelles sont maintenues les femmes : la plupart des familles n’autorisent même pas les médecins hommes à s’approcher d’une patiente.
On observe ainsi un auxiliaire médical réticent à l’idée de procéder à une piqûre à une femme ayant accouché quatre jours auparavant. Sa main gauche reste dans le dos, tandis que la droite doit s’y prendre à deux reprises pour toucher la veine. Il regarde à peine sa patiente.
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