(Encore une) exquisité « socialiste »

Ces courageux entrepreneurs ne doivent plus subir nos règlements iniques.

Sébastien Fontenelle  • 3 octobre 2013 abonné·es

Comme prévu (par qui, du moins, sait, pour l’avoir 145 000 fois vérifié depuis la fin de l’année 1983, que le « socialisme » régimaire est une permanente fête du patronat), il aura suffi que des propriétaires de magasins spécialisés dans la ponceuse sautent à pieds joints sur l’interdiction légale qui leur était faite de les ouvrir le dimanche pour qu’aussitôt le gouvernement – le même qui se montre si prompt à faire proclamer par il signor  [^2] Valls, ministre de l’Intérieur, que toujours plus de zones de sécurité prioritaires viendront, sous son règne, contenir la délinquance des classes dangereuses against les honnêtes (mais enfouraillés) commerçants – décide qu’il lui fallait probablement réviser le droit du travail, pour que plus jamais ces courageux entrepreneurs ne subissent les duretés de règlements iniques dont nos voisins européens ont de longue date su voir, eux qui ne sont pas sédimentés dans des conservatismes soviétoïdes, qu’ils constituaient une odieuse atteinte à la sacro-sainte liberté de l’acheteur dominical.

En soi, déjà, c’est intéressant pour ce que ça confirme de la sommitale vilenie de ces « socialistes » envers qui, je préfère t’en prévenir – pour le cas que tu serais encore et malgré tout l’un(e) d’eux –, nous ne montrerons plus ici, dans les temps à venir, qu’une très mesurée gentillesse, pouah, mais que ces gens sont laids. Mais le mieux – façon de parler – est que la mission de préparer ce nouveau démantèlement d’un acquis social, conquis de haute lutte en des temps où le socialisme – sans guillemets – françousque était encore autre chose qu’une urticante coterie d’opportunistes réactionnaires, a été confiée au dénommé Bailly, Jean-Paul de son prénom, qui était, jusqu’à la semaine dernière, président de La Poste, en charge de (l’achèvement de) la libéralisation de ce fleuron de notre service public… … Et qui, comme tel, s’est trouvé confronté à ce qui se passe toujours en de tels cas – quand le «   management   » investit des institutions que leur statut prémunissait (avant que des « socialistes » ne les « réforment ») contre les horreurs de la recherche effrénée de la « rentabilité » : une terrifiante explosion de la souffrance au travail.

Sous sa présidence, des dizaines de postiers se sont suicidés – et jusqu’au bout, il a maintenu qu’il s’agissait d’autant de « drames personnels et familiaux »« la dimension du travail » était « inexistante ». C’est ce savoir-faire qui l’a semble-t-il qualifié aux yeux de MM. Ayrault et consorts, et qui a décidé ceux-ci à lui demander, « à l’issue d’une réunion ministérielle », d’enquêter sur ce que devront désormais être « les exceptions au repos dominical dans les commerces » (dont le principe est donc d’ores et déjà tenu pour définitif) : c’est à cela aussi – à l’exquisité de leurs choix – qu’on reconnaît l’immense dignité de ces personnages.

[^2]: Spéciale dédicace et message personnel pour mon cher Robert : je décrète ici trois semaines de bonnes humeurs sans germanités.

Publié dans
De bonne humeur

Sébastien Fontenelle est un garçon plein d’entrain, adepte de la nuance et du compromis. Enfin ça, c’est les jours pairs.

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