La polémique autour de la Vie d’Adèle

Comment ne pas voir que le personnage d’Emma, interprété par Léa Seydoux, est particulièrement maltraité dans la Vie d’Adèle ?

Politis  • 19 décembre 2013 abonné·es

C’est une polémique comme aucune Palme d’or n’en avait suscité jusque-là, même celle que déclencha il y a vingt-six ans l’obtention du Graal cannois par Maurice Pialat pour Sous le soleil de Satan . Parce que les invectives lancées par presse interposée après Cannes à propos de la Vie d’Adèle l’ont été par les principaux intéressés, se déchirant les uns les autres.

Avec, d’un côté, l’une des deux actrices du film, Léa Seydoux, dénonçant notamment les conditions de tournage « horribles » . Et, de l’autre, Abdellatif Kechiche, lui répondant à travers maints articles où il n’omet pas de souligner ses origines sociales et ses racines – manière de renvoyer l’actrice à son état d’héritière (les Seydoux sont une famille de grands industriels, l’un d’eux étant propriétaire de Gaumont).

Ce qui n’a pas été suffisamment dit, c’est que cette polémique était inscrite, symboliquement, dans le film lui-même. Comment ne pas voir, en effet, que le personnage d’Emma, interprété par Léa Seydoux, est particulièrement maltraité dans la Vie d’Adèle  ? Moins parce que c’est elle qui jette dehors Adèle (Adèle Exarchopoulos) que parce que la jeune femme libérée, la fondue de Sartre et d’Egon Schiele, l’artiste contestataire qu’elle est, finit par rentrer dans le rang dénoncé plus tôt par elle.

Tandis qu’Adèle, beaucoup plus humble, tant socialement que de caractère, s’avère être une institutrice modèle, soucieuse de transmettre aux enfants de tous horizons, et beaucoup plus utile, finalement, à la société.

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