Facettes et fossettes

Nour alterne sourires en coin et gravité, dans une belle variation de styles.

Ingrid Merckx  • 6 février 2014 abonné·es

Féroce : « Notre bonheur était un leurre/Comme ça coûte cher de divorcer/C’est bien plus simple de le tuer… » (« Veuve noire »). Truculente : « Sur mon lit calciné/Lascive et si cruelle » (« L’éternel féminin »). Moqueuse : « Le fils du roi vint à passer/C’était un parfait imbécile/il n’était ni beau ni bien fait… » Crado : « Je m’tire les vers du nez/Mon doigt trouve la rime/Féminine : Au fond de mes narines ! » (« Les doigts dans le nez »). Élégante :  « Il me fait oublier/Qui je suis et pourquoi/Je me damne à aimer/Le bourreau et la croix… » (« Le diable dans la bouteille »). Elle est multifacettes, Juliette, sur Nour, et multifossettes : des descentes classes avec ce grain de caractère dans les graves, et toujours un sourire en coin, niché dans une rime délurée, un arrangement inattendu. Surtout, elle joue avec les variations de tons. « Valse lente », « tango africain », « hard bossa nova », elle coud un patchwork de curiosités qui tintent et diffractent le dernier titre, aboutissement et plaidoyer : « Je veux pouvoir moi-même/Éteindre la lumière. »

Certes, cette phrase n’arrive qu’en toute fin, « comme une petite coda ». Mais justement : en chute d’un texte qui retrace la vie d’une gamine qui avait peur du noir et repense aux lumières croisées sur sa route… Comme cette chanson porte son nom abrégé, « Nour » pour « Nourredine » (« lumière » en arabe), on se dit que, cette fois, Juliette ne plaisante pas. C’en est à la fois beau et glaçant. Il faut alors reprendre l’album et aller puiser dans le métal pop de « L’éternel féminin » ou ses ressorts féministes vissés ici et là pour reprendre sa respiration : « Féminin pluriel/Sans peur ni reproche/Je n’suis pas de celles/Qu’on garde sous cloche. »

Musique
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