« La Ligne de partage des eaux », de Dominique Marchais : Un film d’honnête homme

Une promenade scrupuleuse et curieuse au sein de notre environnement.

Christophe Kantcheff  • 17 avril 2014 abonné·es

Dominique Marchais trace son sillon. Dans son premier long-métrage, le Temps des grâces, réalisé il y a cinq ans, il inspectait l’état des sols. Dans le film qui sort ces jours-ci, c’est l’eau qui a une importance cruciale. Non parce qu’elle y est un objet évalué. Mais par ce qu’elle représente, surtout si on la considère comme le fait Dominique Marchais : organisée en bassin-versant. Cette délimitation symbolise l’interdépendance des cours d’eau, l’esprit de conséquence et de préservation, et la solidarité nécessaire entre tous les territoires. Mais le réseau sophistiqué des ruisseaux, des rivières et des fleuves semble également indiquer la manière dont le film avance. La Ligne de partage des eaux ressemble à une promenade scrupuleuse et curieuse, à un « tour et détours » de France, ou plus exactement de ce bassin-versant qui va de la source de la Vienne à l’estuaire de la Loire en passant par la Creuse, le Berry ou le Pays de Brenne. On vogue au gré de ce film de voyage (comme on dit « littérature de voyage »), c’est-à-dire de rencontres, de confluences d’idées et d’instants contemplatifs. Il y a quelque chose de l’honnête homme dans la démarche du cinéaste. À la manière de l’encyclopédiste du XVIIIe siècle, il cherche à montrer avec le plus de justesse possible, donc de complexité et de nuances, l’état de notre environnement, l’écart inquiétant entre la géographie humaine et la géographie physique. Sans jamais appeler au grand soir ni jouer les Cassandre. L’humilité des perspectives d’avenir tracées par le film n’est due qu’à leur exigence. Parfois, c’est la modestie qui est ambitieuse.

Cinéma
Temps de lecture : 2 minutes