« Remaniement » : les premières réactions à gauche sont sévères

Après l’annonce des nouveaux ministres, la gauche « de gauche » n’est pas rassurée.

Pauline Graulle  • 2 avril 2014 abonné·es

Un gouvernement de 16 ministres, dont 14 issus du précédent. « Prendre une énorme raclée électorale dimanche et présenter presque la même équipe mercredi, après avoir dit « j’ai entendu », est affligeant » , a estimé tout à l’heure sur Twitter Alexis Corbière, secrétaire national du Parti de gauche, qui s’étonne encore : « On prend les mêmes et on recommence ! Savent-ils qu’ils ont été sanctionnés dimanche dernier ? »
_ Au PS aussi, ça gronde : « Hollande n’a rien entendu , estime Frédéric Lutaud, membre du bureau national et soutien de la « motion 4 » de Stéphane Hessel au dernier congrès. En choisissant la figure la plus droitière du Parti socialiste pour conduire son gouvernement, le président de la République s’est coupé des Français. »

Des gages à gauche ?

_ Pour Olivier Dartigolles, porte-parole du PCF, ce gouvernement est, de même, « une sidérante fin de non-recevoir. Rien ne change ? Pas exactement puisque ce gouvernement “resserré” sera celui d’une accentuation de la cure d’austérité avec, comme première conséquence, une aggravation de la crise politique. »

Illustration - « Remaniement » : les premières réactions à gauche sont sévères - Olivier Dartigolles, porte-parole du PCF à La Rochelle, le 29 août 2009.

_ Sauf que les plus à gauche ont été promus. Arnaud Montebourg à l’Économie, Benoît Hamon à l’Éducation : un gage pour la « gauche de gauche » ? « La présence de Benoît Hamon ne donne pas des gages de la présence de la gauche du parti au gouvernement » , a déclaré au Figaro Marie-Noëlle Lienemann, de Maintenant la gauche, avant d’insister sur Europe 1 sur le fait que « Michel Sapin aux Finances, c’est une politique d’austérité » .
_ Membre du même courant, l’ex-inspecteur du travail Gérard Filoche s’est alarmé sur son blog : « À continuer ce qui a été fait depuis vingt mois, même avec une équipe un peu nouvelle, le gouvernement, le PS, et toute la gauche à leur suite, vont dans le mur. Le casting du gouvernement est secondaire. » Celui qui regretterait presque Jean-Marc Ayrault a ironisé, souhaitant « bonne chance à Ségolène Royal pour défendre une transition énergétique – sans les écologistes d’EELV. Et espérons que François Rebsamen corrigera les bévues de Michel Sapin contre les syndicalistes non-amnistiés, cessera d’affaiblir les prud’hommes, l’inspection du travail et le code du travail » .
_ « Ce n’est pas un remaniement, c’est un licenciement comme si le fusible Ayrault était responsable du court circuit , a réagi François Delapierre, porte-parole du Parti de gauche. Hollande clignote à gauche mais tourne à droite : c’est l’accident assuré » .

« Des interrogations »

_ Côté écolos, on n’est pas plus rassuré. Au point que les Verts, pourtant forts d’un bon score aux municipales, ont choisi de ne pas participer au gouvernement Valls. À l’Assemblée, Barbara Pompili a estimé « qu’en l’état EELV ne votera pas la confiance au nouveau gouvernement » . Interrogé là encore salle des quatre colonnes sur l’arrivée de Ségolène Royal, l’autre président des députés Verts, François de Rugy, a dit avoir « des interrogations » .
_ Des voix dissonantes se sont élevées sur Europe 1. L’iconoclaste Daniel Cohn-Bendit s’est dit en désaccord avec son propre parti, se prononçant notamment pour le pacte de responsabilité : « J’en ai assez d’entendre dire que le problème, c’est la politique d’austérité. » Quant à François-Michel Lambert, député EELV, il a regretté l’absence de son parti au gouvernement, s’interrogeant sur la survie d’un groupe parlementaire divisé sur ce point : « Moi je dis qu’on [le groupe parlementaire, NDLR] doit être à fond pour ce gouvernement. Je souhaite ardemment que Ségolène Royal aille le plus haut, le plus loin et le plus vite possible. Je souhaite qu’à la fin mon parti soit ringardisé pour avoir refusé de participer et de mettre les mains dans le cambouis. »